Saint-Brieuc : écolier brûlé, le tribunal juge de la responsabilité de l'instituteur

Ce mardi 11 décembre, le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc avait à juger de la responsabilité d'un instituteur dans l'accident survenu lors de la fête d'une école privée de Corlay (Côtes d'Armor). Le spectacle donné par les élèves comportait une scène avec des flambeaux à l'origine du drame.


Le 6 février 2015, la fête de l'école de Corlay vire au cauchemar. Pour le final du spectacle, les enfants tiennent des flambeaux allumés. Celui de Tristan ne s'allume pas; alors dans les coulisses, son instituteur utilise de l'alcool gélifié pour le démarrer. Un brusque retour de flamme se produit et le feu se propage aux vêtements. L'enfant est grièvement brûlé. Un autre élève est aussi plus légèrement brûlé à la jambe. L'instituteur et la directrice de l'école qui s'est précipitée pour éteindre les flammes, sont eux aussi touchés. Ils seront pris en charge par les pompiers.
 

Des brûlures lourdes de conséquences

Le lendemain, l'interne du service des grands brûlés et de la chirurgie plastique du CHU de Nantes dresse un certificat médical lourd de conséquences pour cet enfant de 10 ans. Son corps est brûlé à 4% dont des brûlures au deuxième degré sur le visage, les oreilles, les mains, le torse. Après 17 jours à l'hôpital de Nantes, l'écolier de CM2 subira deux greffes, puis un an et demi de soins dont 93 séances de kiné au Centre de Kerpape près de Lorient.

En arrivant au tribunal ce mardi 11 décembre, Tristan a retrouvé un visage presque intact. La famille du collégien souhaite qu'il soit reconnu comme la victime d'un accident qui n'aurait jamais dû se produire.
 

L'instituteur demande pardon à son élève

C'était l'une des souffrances de Tristan et de ses parents que de n'avoir reçu aucune excuse dans les jours qui ont suivi le drame.

À la barre du tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, l'instituteur ému aux larmes s'est adressé directement à son ancien élève qui a aujourd'hui 14 ans.

"Mille pardons pour ce que j'ai pu te faire"

Les parents ont ressenti douloureusement ce manque d'empathie apparent de l'instituteur. Jusqu'au procès, même la directrice de l'école privée de Corlay n'a pas fait cette démarche qui aurait pu réconforter la famille qui a porté plainte pour blessure involontaire.

L'avocate de l'instituteur vient à son secours expliquant qu'il était tellement choqué et si rongé par la culpabilité qu'il s'est renfermé, qu'il était incapable de cette démarche, ni même d'en parler autour de lui quand il a repris le travail. Peut-être n'a t il pas été lui-même assez soutenu psychologiquement et par son encadrement.
 

"Le spectacle avait été validé par l'école"

La présidente du tribunal a rappelé à l'instituteur qu'il était à la barre pour un délit : des blessures involontaires. Elle s'est d'abord étonnée qu'il ait pu acheter des flambeaux dont la notice indiquait qu'ils étaient prévus pour l'extérieur, et les allumer avec un produit inapproprié.

Elle s'est ensuite trouvée sidérée que personne ne se soit posé la question d'utiliser du feu sur une scène en intérieur, avec des enfants et avec du public sans réunir une commission de sécurité et sans présence de pompiers durant le spectacle.

La question de la responsabilité du groupe pédagogique a été soulevée, l'instituteur affirmant que le spectacle avait été validé par l'école.

Pour cette grave faute de négligence et d'imprudence, le parquet requiert une amende de 1500 euros. La justice rendra son délibéré le 5 février 2019.
 
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