Thomas Le Guilloux, 16 ans, milite pour sauver l'avenir des générations futures "quoi qu'il en coûte"

Depuis le printemps 2019,  le jeune breton s'investit à plein temps dans le mouvement mondial "Youth For Climate". Le confinement a stoppé net les marches pour le climat mais pas son rêve d'un changement politique majeur. Maintenant. Tout de suite. Parce que sa génération n'a plus le temps. 

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Il a quitté le lycée parce qu'il ne s'y retrouvait plus. Ni les enseignements, ni la charge de travail ne le rendaient heureux. C'était plutôt l'inverse. Elève de seconde au lycée Saint-Charles à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), Thomas Le Guilloux a jeté l'éponge en novembre 2018. Avec l'accord de ses parents. Depuis, il apprend différemment. En autodidacte. 

" Je n'ai jamais été aussi heureux qu'aujourd'hui. J'ai quitté un système dans lequel je ne me sentais pas à l'aise. J'ai toujours été curieux, j'adore apprendre, m'informer. A partir de la 5ème, j'ai commencé à me renseigner sur l'état de notre planète. En lisant, en regardant des videos, je me suis rendu compte que la réalité était très différente de l'image que j'avais du monde étant petit. Depuis que j'ai arrêté l'école, j'ai du temps, j'ai beaucoup appris sur notre système économique, sur l'environnement". 


 

"Au moment des premiers discours de Greta Thunberg, je me demandais comment changer les choses. Elle a créé le mouvement. Je me suis engagé". 



Le 15 mars 2019, dans le sillage de la jeune militante suédoise , la journée de grève mondiale de la jeunesse pour le climat est lancée. Thomas rejoint le mouvement, co-organise la manifestation au niveau local. En avril, il participe aux Assises de Youth For Climate France à Nancy. Deux jours de réflexion, d'échanges pour discuter stratégie, finances, communication...   

 


"Au cours de ma scolarité, jai dû entendre parler une ou deux fois de changement climatique"



"Depuis que je suis investi dans Youth For Climate, je trouve que le point de vue enseigné à l'école n'est pas toujours très objectif. Il nous oriente vers certaines thèses. Je n'ai pas le souvenir que l'on m'ait souvent parlé de changement climatique par exemple. On nous apprend aussi que la France est une grande démocratie, que le peuple a le pouvoir. En militant, je mesure que ce n'est pas vraiment le cas. Sur l'échelle de la représentation politique, je dirais que je me sens à -2. Personne n'a 16 ans au Parlement. C'est une élite qui décide. Les intérêts des peuples ne sont pas défendus. S'il y a autant de manifestations, il y a un problème. Si les élus politiques allaient dans le sens de l'intérêt général, il n'y aurait pas toutes ces contestations".

Par temps d'épidémie et de confinement, la contestation des jeunes justement n'a plus d'écho sur le terrain. La mobilisation n'a pas faibli pour autant. Thomas Le Guilloux a poursuivi les échanges avec les militants de France et d'ailleurs. 

 

La pandémie covid-19: pas vraiment une surprise



"Il n'y a pas eu une grande différence pour moi, j'ai l'habitude de travailler à la maison. Pour l'instant, on attend de voir quand on pourra reprendre les manifestations. Rien n'a été décidé. Nos revendications sont claires. Il y aura de nouvelles actions. On doit trouver des solutions au problème du dérèglement climatique. Il faut faire bouger le pouvoir en place. A nos échelles". 

Pour l'adolescent, la pandémie n'est pas une surprise. Son traitement politique montre en revanche que "repartir sur un modèle plus viable, maintenant, tout de suite, est possible".


« Les politiques et les industriels nous disent depuis longtemps qu'une transition écologique est trop compliquée à mettre en place. Ils répètent que ça prend du temps, que l'on n’a pas les moyens financiers nécessaires. Selon eux, cela impacterait gravement l'économie. Avec la crise sanitaire du Covid-19, nous voyons bien que c'est juste un manque de volonté politique.
Ils n'ont simplement pas envie d'une transition."



 

En quelques jours, on a confiné le pays et tout arrêté. Ça prouve bien que l’on peut changer ce qui pose problème si on le veut.



"On sauve les entreprises « quoi qu’il en coûte ». En revanche pour sauver l’avenir des générations futures, ce n’est plus « quoi qu’il en coûte ». Ce système économique c’est justement l’une des sources du problème. Il faut repenser notre façon de faire du commerce, repenser la manière dont on utilise l’argent, public et privé ». 

Thomas se dit déçu, en colère, quand le gouvernement accorde des aides aux grandes entreprises sans contre-partie environnementale, sans engagement à changer de modèle. 

 


L'été dernier, Thomas Le Guilloux a retrouvé 430 jeunes de 38 pays européens en Suisse pour élaborer la "déclaration climatique de Lausanne". Ce sommet baptisé "SMILE for Future" avait pour but de définir une stratégie d'action face à la crise climatique. Greta Thunberg comme plusieurs experts scientifiques étaient de la partie.

Pendant une semaine, lors d'ateliers, table-rondes, séances plénières, ces jeunes militants ont déterminé les valeurs, les motivations et les objectifs de leur mouvement. "Un événement d'une richesse incroyable" selon Thomas, "qui n'a malheureusement pas eu l'écho médiatique ou politique mérité". L'état d'urgence climatique n'a été déclaré nulle part sur la planète. 

 


"Ma place ? J'ai du mal à la trouver. J'aimerais aller vers ce qui touche à la science, au  changement climatique. Exercer un métier qui me permette de poursuivre ce combat". 
Thomas s'est décidé à passer le bac en candidat libre l'année prochaine.

Il imagine qu'un jour (le plus tôt possible) le pouvoir politique admettra : "on s'est trompé, on change tout!"
"J'en rêve la nuit. Ça n'arrive pas..."  

Ni pessimiste, ni optimiste, l'adolescent militant en reste convaincu : il ne faut surtout pas baisser les bras. Covid-19 ou pas. 

 

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