Avec son plan social, "Nokia abandonne la France et va tuer le site de Lannion" selon les syndicats

La firme finlandaise Nokia a annoncé ce lundi un plan de sauvegarde de l'emploi prévoyant la suppression de 1233 emplois dont 402 sur le site de Lannion, pour des raisons financières. Les syndicats s'indignent et estiment que "Nokia abandonne la France et va tuer le site de Lannion". 

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L'émotion est forte pour les syndicats de Nokia (Alcatel-Lucent) après l'annonce du plan de sauvegarde de l'emploi prévoyant la suppression de 1233 emplois en France (sur les 3700 salariés de Nokia dans notre pays), dont 83% en Recherche et Développement.

Un plan social de grande ampleur qui pose question quand à l'avenir du site de Lannion : 402 postes devraient être supprimés sur les 800 des Côtes-d'Armor. Pour Bertrand Trémulot, délégué syndical CFDT de Lannion,  "Nokia abandonne la France et va tuer le site de Lannion. Ils signent notre arrêt de mort. Ces dernières semaines, ils nous ont félicités pour notre travail, pour l'avance que nous avions sur les sorties technologiques. Et là, nous sommes remerciés par ce plan social. C'est une trahison". 

On ne va pas se laisser faire. On ne peut pas accepter ce plan social

Bertrand Trémulot

Joint par téléphone, Thierry Boisnon, Directeur général de Nokia France, justifie ces suppressions d'emplois en France par des motifs économiques. Même si la situation financière de la firme finlandaise est plutôt favorable, "le marché, dans son ensemble, est stable. Donc nous avons besoin d'augmenter notre efficacité de manière considérable et d'être beaucoup plus agile dans la manière dont on se déploit. Beaucoup des tâches que nous effectuons aujourd'hui devront être à l'avenir des tâches automatisées" explique Thierry Boisnon.

Des mobilisations début juillet

Aujourd'hui, les syndicats s'interrogent sur le futur voulu par Nokia en France. "Des promesses avaient été faites. Mais là, Nokia s'attaque à notre avenir en supprimant des postes de Recherche et Développement sur la 5G ou la cybersécurité. Tout se volatilise. Des postes d'ingénieurs ont été ouverts ces dernières années. Et là, ils vont être licenciés. Tout est cassé. C'est une stratégie qu'on ne comprend pas. Mais on va se battre" assure Claude Josserand, délégué syndical central de Nokia.

Les organisations syndicales ont déjà prévu de se faire entendre et de protester contre le plan de Nokia sur le site de Nozay dans l'Essonne et à Lannion. "Une manifestation ira de Bercy à l'ambassade de Finlande" détaille Pascal Guihéneuf, délégué syndical central CFDT. A Lannion, "on a déjà réussi à réunir 20 000 personnes. On saura mobiliser les salariés d'Orange, toute la population et élus. On se fera entendre de Bretagne" indique Bertrand Trémulot. Ces deux mobilisations devraient avoir lieu dans la première quinzaine de juillet selon les syndicats.

Bercy réagit

L'annonce du nouveau plan de suppressions d'emplois en France par Nokia a fait réagir Bercy, qui a indiqué que la firme finlandaise "doit améliorer très significativement ce plan social".

Un soutien qui n'est pour l'instant vu par les syndicats que comme un acte de communication. "On pense que le gouvernement a des leviers possibles. Mais, on attend des actes au-delà des paroles" lance Pascal Guihéneuf, délégué syndical central CFDT.

Déjà quatre plans sociaux depuis 2016

Ce plan social de 2020 est loin d'être un cas isolé dans l'histoire de Nokia en France. Depuis le rachat d'Alcatel-Lucent par la firme finlandaise en 2016, quatre plans sociaux ont été annoncés. 400 postes avaient été supprimés cette année-là. 

En 2017, ce sont 597 emplois en France qui étaient touchés par un plan social dont 91 salariés du site de Lannion.

Le dernier en date remonte au début de l'année 2019, avec un plan social portant sur 408 postes dont 54 amputés à Lannion. "Il est toujours en cours. Des salariés vont recevoir leur lettre de licenciement en juillet" souligne Claude Josserand.

Avec les nouvelles suppressions d'emplois en France annoncées ce lundi 22 juin, Nokia prévoit de grandement délocaliser ses activités dans des pays comme l'Inde, la Pologne et le Canada. "La France deviendrait alors une petite succursale de Nokia" déplore Pascal Guihéneuf, "et nous ne voulons pas de ça". 

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