Le géant finlandais des équipements télécoms Nokia va supprimer 597 emplois supplémentaires en France d'ici 2019, un projet jugé "inacceptable" par les syndicats. Le site de Lannion qui compte 767 salariés, sera touché par ces suppressions de postes.
Ces suppressions d'emplois sont prévues en 2018 et 2019, dans les filiales Alcatel Lucent International et Nokia Solutions and Networks (NSN), sur un effectif total de 4.200 personnes dans ces deux sociétés. Elles affecteront les fonctions centrales et support de ces filiales basées au campus de Paris-Saclay (Essonne) et à Lannion (Côtes-d'Armor). Les fonctions recherche-développement ne seront "pas concernées".
La répartition des coupes entre Paris-Saclay et Lannion "n'est pas encore décidée à ce stade" et le plan sera présenté le 18 septembre aux instances représentatives du personnel de ces deux filiales. En décembre 2016, lors d'une visite de Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la défense et président de la Région Bretagne, Nokia avait promis l'embauche de 100 ingénieurs.
"Une aberration"
767 salariés travaillent sur le site de Lannion. Il y aura 91 suppressions de postes lesquelles concernent les fonctions support comme les ingénieurs avant ou après vente, la formation, ou les personnes s'occupant des commandes. Pour Bernard Trémulot, délégué syndical central pour la CFDT, ce PSE "est une aberration." "C'est anormal vis-à-vis des engagements que Nokia avait affirmé lors du rachat d'Alcatel." Il ajoute "on se rend compte que ces suppressions d'emploi sont liées à une délocalisation. L'entreprise s'organise pour envoyer des tâches vers la Hongrie."
Les filiales de Nokia ne seront pas impactées
Les deux autres filiales du groupe en France, Alcatel-Lucent Submarine Networks (câbles sous-marins) et RFS (radiofréquences) ne sont pas concernées par ce "projet d'évolution", justifié par le plan de la maison mère de dégager 1,2 milliard d'euros d'économies d'ici 2018, selon la porte-parole de Nokia.
Les effectifs actuels des quatre filiales du groupe dans le pays s'élèvent à 5.260 salariés. Selon l'intersyndicale, les 597 emplois voués à disparaître représentent "30% des emplois hors recherche et développement". "Ces emplois vont être délocalisés dans des pays à bas coûts, l'Europe de l'Est essentiellement", selon la CGT. Le syndicat qui dénonce ces suppressions d'emplois, car écrit-il dans un communiqué, "Nokia vient de distribuer 4,4 milliards d’€ aux actionnaires en dividendes et rachat de ses propres actions", a "perçu beaucoup d'argent public en France, 67 millions en crédit-impôt-recherche (CIR) et CICE l'an passé".
Le groupe en difficulté chronique a choisi de repositionner la France en pôle d'excellence en matière de recherche-développement sur trois technologies clé: la 5G, la cybersécurité et l'internet des objets, a rappelé la porte-parole de la direction.
Engagements "loin d'être tenus"
À la suite de son rachat d'Alcatel-Lucent l'an dernier, Nokia avait déjà supprimé quelque 400 postes en France. Selon l'intersyndicale, le PDG du groupe, Rajeev Suri, s'était engagé auprès d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, à renforcer le secteur de la recherche et développement pour le porter à 2.500 ingénieurs et chercheurs à fin 2019. Ces engagements sont "loin d'être tenus" puisque "seulement 20% des 500 recrutements nécessaires ont été réalisés à ce jour".
Touché de plein fouet par la contraction du marché mondial des équipements de réseaux téléphoniques et données mobiles, Nokia a accusé une perte nette de 766 millions d'euros en 2016, creusée par le coût de l'acquisition d'Alcatel-Lucent.
Le groupe emploie environ 100.000 personnes dans le monde et a réalisé en 2016 un chiffre d'affaires de 23,9 milliards d'euros, en repli de 10% sur un an à périmètre comparable.