La Soka, entreprise spécialisée dans l’extraction, le traitement et la transformation des kaolins vient d’investir 5,5 millions d’euros à Quessoy dans les Côtes d’Armor. Elle propose aux cimentiers d’utiliser le kaolin, en lieu et place du clinker, très gourmand en CO2, pour décarboner leur production.
A Quessoy, dans les Côtes d’Armor, la Soka extrait du kaolin depuis 1951 dans une immense carrière de quelques 300 hectares. Jusqu’ici, cette argile était surtout utilisée pour la fabrication de céramiques, les éviers, les lavabos, le carrelage, ou employée pour l’agriculture.
Un nouveau débouché pour le kaolin
Un nouveau marché s’ouvre pour l’entreprise. Celui de la décarbonation du ciment. La production de ciment génère à elle seule 3% des émissions françaises de CO2.
"Traditionnellement, explique Séverine Dudot, directrice général de la Soka, le ciment est réalisé avec du clinker, de la chaux, des cendres volantes, des résidus de l’industrie. Ce clinker est produit à partir d’un acide, très générateur de CO2 et doit être cuit à très hautes températures. Le niveau de pollution du ciment est directement lié à se teneur en clinker. Le fait de substituer le clinker par du kaolin permet automatiquement de le décarboner. "
Selon les données fournies par l’entreprise, le ciment intégrant du kaolin émet presque 6 fois moins de CO2 que le ciment à base de clinker.
5,5 millions d'euros investis
La Soka qui compte 150 salariés vient d’investir 5,5 millions d’euros, pour créer une nouvelle ligne. En plus des 300 000 tonnes de kaolin qu’elle extrait, 150 000 tonnes supplémentaires pourraient partir vers ce nouveau marché.
La loi va, en effet, obliger les cimentiers à réduire leurs émissions d’ici 2030. "Il y a des marchés qui émergent avec la recherche de ciment bas carbone et de béton à faible empreinte CO2, confirme Loïc Quéré, le directeur commercial de la Soka. De nouvelles normes sont en train de voir le jour. Elles standardisent et autorisent l’introduction de nouveaux matériaux dans le ciment, cela va permettre leur développement."
Pour son nouveau débouché, la Soka a reçu l’aide de l’état : 750000 euros de subvention, soit près de 14% de l’investissement nécessaire à cette nouvelle activité. Un coup de pouce qui l’a incité à, elle aussi, décarboner à son niveau. « On aurait sans doute fait une installation moins vertueuse que celle que l’on fait aujourd’hui, estime Séverine Dudot, directrice générale de la Soka, avec des lignes de convoyeurs électriques, la possibilité d’équiper un laboratoire, ce qui aurait impliqué que l’on fasse toutes nos analyses en externe, probablement à l’étranger ».
La mine de Quessoy dispose d’une autorisation de creuser à 60 mètres de profondeur, soit presque deux fois plus profond qu’actuellement et elle a des réserves de kaolin pour une centaine d’années.
(avec Myriam Thiebaut)