Depuis un an, Servane, attend le 31 mars. Date à laquelle elle devrait enfin obtenir le statut d'intermittent du spectacle et être indemnisée pendant ses périodes sans contrat. Mais voilà, c'était sans compter sur l'épidémie de Covid- 19 et sa longue liste d'annulation de spectacles.
Une vingtaine d'heures me manque pour atteindre les 507 heures nécessaires à l'obtention du statut d'intermittent du spectacle, soupire Servane Prigent.
Installation des lumières, montage des décors, rien ne l'effraie, mais depuis quelque temps elle regarde avec appréhension la propagation de l'épidémie de coronavirus et sa litanie d'annulation de spectacles.
Double peine
Le public boude les rassemblements culturels, par mesure de sécurité des organisateurs annulent les événements... Les intermittents voient donc les contrats fondre comme neige au soleil. Un manque à gagner immédiat. Mais les répercussions se feront également sentir dans le temps puisque certains risquent de ne pas travailler suffisament pour obtenir des droits à l'assurance chômage. Pour acquérir ou renouveler le statut d'intermittent du spectacle, le professionnel doit en effet justifier de 507 heures de travail en un an.
Des événements vont être reportés mais d'autres non, s'inquiète la jeune femme. On va donc être nombreux à chercher des contrats sur un nombre réduit de spectacles.
Des petites structures risquent de disparaître. D'autres réduiront la voilure pour tenter de renflouer les manques à gagner. Des angoisses partagées par la profession.
Des voix se font entendre chez les intermittents pour que les règles d'accès à l'assurance chômage soient exceptionnellement assouplies : soit en diminuant le nombre d'heures exigées, soit en augmentant la période sur laquelle ces heures doivent être effectuées. Une pétition en ligne a été lancée pour être entendus par le ministre de la Culture. Un ministre qu'ils ne pourront rencontrer dans l'immédiat puisqu'il vient d'être testé positif au coronavirus.