Lors de ses opérations contre les talibans en Afghanistan, l'armée française a fait appel à des civils, notamment des interprètes afghans. Mais ensuite, ils ont été laissés à leur sort et ils sont encore plusieurs centaines, souvent considérés comme des espions dans leur pays, à vivre dans la peur.
'Zia' a trouvé refuge à Rennes (35). Dans son logement, une petite table avec un ordinateur. Sur l'écran, que Zia ne se lasse pas de regarder. Elle a été prise en 2008. On y voit Zia avec son capitaine français, alors que le jeune homme servait d'interprète pour l'armée française.
Pendant quatre ans, Zia a accompagné les militaires français au cours de leurs missions, prenant comme eux des risques considérables. Il se trouvait notamment avec le 8ème RPIMA de Castres, lors de l'embuscade d' août 2008. Dix militaires et un interprète afghan y ont trouvé la mort.
En 2014, l'armée française a quitté l'Afghanistan, laissant ses interprètes derrière elle. Pour Zia, comme pour beaucoup de ses collègues, les mois qui suivirent furent très difficiles. La menace des talibans, permanente. Zia a du se cacher et se camoufler sous une burqa pour sortir sortir du pays.
En France, le Collectif des avocats au service des anciens auxiliaires de l'armée française l'a aidé. La France s'est engagée a rapatrier ses interprètes mais le processus est long. Seuls 75 d'entre eux en ont bénéficié . Plusieurs dizaines d'autres attendent toujours, en danger, en Afghanistan.
Après avoir attendu son visa pendant deux ans, Zia espère aujourd'hui pouvoir rester en France et suivre une formation de mécanicien auto ou d'électricien. Sans jamais oublier tout ceux qui sont encore au pays. Reportage d'Isabelle Rettig et Nicolas Dalaudier :