Le débat : l’entreprise inclusive, c’est pour quand ?

C’est la semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées. Et malgré quelques progrès, beaucoup reste à faire ! L’entreprise inclusive, c’est pour quand ? Quatre femmes engagées dans ce combat quotidien en débattent.
 

Ça commence par un retour en arrière. Il y a 33 ans. Nous sommes le 10 juillet 1987 et c’est le vote d’une loi qui oblige les entreprises privées et publiques de plus de 20 salariés à recruter 6 % de personnes handicapées. Sous peine de pénalités, appelées pudiquement des « contributions ».

L’Agefiph (l’Association de Gestion du Fonds pour l'Insertion des Personnes Handicapées) est alors créée. Cette association reçoit ces « contributions » qu’elle redistribue en faveur d’actions pour l’intégration des personnes handicapées dans le monde du travail.


Et aujourd’hui, les 6% sont-ils atteints ?


« Pas tout à fait, pas encore », constate Hélène Grimbelle, déléguée régionale de l’Agefiph en Bretagne. « Actuellement, nous sommes un petit peu en-dessous de 4%. Nous progressons, toute la société française progresse. Lentement, mais sûrement. Il y a une dizaine d’années, à peine un tiers des entreprises accueillaient une personne en situation de handicap. Aujourd’hui, 9 entreprises sur 10 accueillent au moins une personne en situation de handicap. »
 

L’une des craintes des employeurs, c’est d’avoir des salariés moins rentables, moins compétitifs. Mais des solutions existent pour compenser cette perte financière :

« L’Agefiph distribue des aides financières, des aides techniques, des aides humaines pour adapter les postes de travail, pour fournir des interprètes aux entreprises. Des solutions qui vont être supportées financièrement par l’Agefiph. C’est un travail de recherche de solutions de compensation. »


Sortir de sa zone de confort


Et du côté des personnes handicapées, un travail psychologique est aussi nécessaire. Pour regagner l’estime de soi et éviter de se « noyer » dans son handicap, se résigner :

« Je fais de la préparation mentale et physique pour accompagner les travailleurs handicapés à sortir de leur zone de confort pour leur éviter de rester en posture de victime par rapport à leur handicap », explique Hadda Guerchouche, coach sportif et « visage » de cette édition 2020 de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées.

« La proposition que je leur fais, c’est de faire de leur handicap un partenaire plutôt qu’un adversaire. »


Le handicap invisible, cet inconnu


80% des personnes handicapées ont un handicap invisible, selon le baromètre Agefiph/Ifop. Mais seulement 7% des français ont connaissance de cette statistique.

Pour libérer la parole, Alexandra Guilleron, référent handicap dans son entreprise, a révélé son handicap à elle : une maladie génétique qui atteint ses articulations. Là aussi, un handicap invisible.

« Dans mon entreprise, on s’est dit : il y a des gens qui ont probablement des handicaps invisibles, qui sont éligibles à une RQTH mais qui n’osent pas encore faire la demande, n’osent pas encore se déclarer auprès de leur entreprise. Moi, j’ai pris le pari un peu risqué de me dévoiler en disant : ça tombe bien parce qu’on est dans la même équipe ! N’ayez pas crainte de dévoiler ce que vous vivez », raconte Alexandra Guilleron, référente handicap chez Fym Action/Telemaque.
 

Un déclic s’est opéré. Des salariés sont « sortis du bois ». Aujourd’hui, l’entreprise compte environ 10% de salariés handicapés qui vivent mieux leur travail au quotidien. L'entreprise leur fournit des équipements adaptés à leur pathologie.


Savoir s’adapter est une force


A Vannes, Denis, un jeune homme de 20 ans, se forme au métier de carrossier peintre dans le garage de Véronique. Véronique, c’est une patronne qui a eu un coup de cœur. Et qui s’est démenée pour trouver des solutions, séduite par l’envie d’un garçon sourd, qui ne s’apitoie jamais sur lui-même :

« C’était vraiment novateur pour moi d’embaucher quelqu’un en situation de handicap. Il a fallu pour moi comprendre les rouages : quels étaient les bons organismes à qui s’adresser pour trouver de l’aide ? Une fois que je les ai trouvés, c’était formidable. Tout le monde était extrêmement motivé par le projet. Moi, Denis, il m’a donné envie de l’aider. Il a surmonté son handicap. Même s’il est malentendant, ça ne l’a pas arrêté. Il a l’envie et la force », témoigne Véronique Blaise, co-gérante de AD Carrosserie Jouannic.



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