A 20 ans, Denis Binaku commence son apprentissage chez un carrossier automobile. Rien de plus banal, si ce n'est que Denis est sourd. Mais avec un peu d'astuce et avec l'aide de ses collègues, il a su s'adapter aux contraintes de ce métier. Et compte bien un jour ouvrir son propre garage.
Ce garage, Denis le connaît bien. Chez AD Carrosserie, à Vannes, le jeune homme de 20 ans a fait plusieurs stages. Il y a un mois, c’est un contrat d’apprentissage qu’il a signé, pour apprendre le métier de carrossier-peintre.
Avec ses collègues, peu de paroles. Mais beaucoup de gestes. Et des habitudes à prendre, comme parler bien en face ou penser à retirer son masque anti-poussière.
Pour Denis, il a fallu passer outre le travail à l’oreille du marteau sur la carrosserie, "mais depuis que j’ai l’appareil auditif, c’est plus facile". Quand, pour régler leur pistolet à peinture ou le décapeur thermique, ses collègues travaillent à l'oreille, lui, ressent la pression de l'air sur sa main.
Un parcours pour Denis et son employeur
Pour réussir à se former, Denis a pu compter sur le soutien de Véronique, sa patronne.
C'est elle qui lui a trouvé un interprète. Indispensable pour suivre les cours théoriques au centre de formation. Mais pour l'obtenir, il a fallu trois mois de démarches administratives. Et d'innombrables coups de fils.
"De par son handicap, il y a peut-être beaucoup de gens qui n’ont pas cru en lui, explique-t-elle, qui lui ont dit : tu n’y arriveras pas parce que tu es sourd… dans un garage… nous, on a eu un tout autre discours."
On en a tous des handicaps. C’est le regard des autres qui donne le handicap
Cette conviction que tout est possible, elle est aussi ancrée en Denis. Et c'est grâce à cette force qu'il compte un jour réaliser son rêve : ouvrir avec son frère un garage, pour personnes malentendantes.