Après plus de 11 semaines sans activité et malgré le feu vert accordé par le gouvernement, certains bars, cafés et restaurants ont choisi de reporter leur ouverture. Pour eux, préparation et prudence sont les maîtres-mots pour un retour en toute sérénité.
Depuis l'annonce, jeudi dernier, par le Premier ministre de la deuxième phase du déconfinement et de la date de réouverture des débits de boisson et restaurants, c'est le branle-bas de combat dans les arrière-cuisines des restaurants bretons. Pourtant, certains ont préféré reculer pour mieux sauter et différer de quelques jours - voire plus - la réouverture tant attendue.
Une annonce juste avant un week-end prolongé
Loïc Le Saux et Charlotte Granet, propriétaires du Char'Lot Bistrot, à Douarnenez (Finistère) font partie de ces prudents. Ils ouvriront jeudi, soit deux jours après la date fatidique. "L'annonce a été tardive et précédait un week-end prolongé. On ne peut pas refaire, en si peu de temps, les contrats de nos serveuses," explique Charlotte Granet.
Pour le moment, les restaurateurs travailleront tous les deux, en attendant le retour de leurs salariés le 8 et le 15 juin. "On va s'organiser. Ça prendra plus de temps mais c'est faisable."
Même son de cloche du côté du nord-Finistère, à Landéda. Aurélie Morizun et David Autret, à la tête du restaurant le Pot de beurre, ont décidé d'ouvrir jeudi également. Car la liste des choses à faire est longue et le temps limité. "Hier lundi était férié [ndlr : lundi de Pentecôte] et il est difficile de se fournir un jour férié. En plus, il faut briefer le personnel et mettre en place le protocole sanitaire, espacer les tables et chaises." Autant de travail suplémentaire qui accapare le temps et l'énergie consacrés à la restauration. "On appréhende le temps passé à tout désinfecter. On doit changer nos habitudes. On a carrément l'impression d'ouvrir un nouveau restaurant" lance Aurélie Morizun, optimiste.
Des fournisseurs débordés
Les deux restaurants s'approvisionnent auprès de petits producteurs locaux. Ce qui pose parfois problème pour remplir les frigos du Char'Lot Bistrot de Douarnenez. "Nos producteurs ont eu trop de demandes. La semaine dernière tout le monde a commandé et maintenant deux de nos cinq fournisseurs ne peuvent pas nous approvisionner. Mais jeudi tout devrait être arrivé pour la réouverture."
"Je préfère attendre trois semaines, un mois et voir si les gens vont revenir"
Face au Pot de beurre, sur le port de l'Aber Wrac'h à Landéda, une crêperie semble ouverte. La patronne Monique Le Corre-Salou propose une carte très limitée, à emporter, ou à consommer sur les quelques tables de sa grande terrasse. Elle, qui gère son commerce depuis 1974, n'envisage pas de rouvrir la totalité de son restaurant avant fin juin/début juillet, soit quasiment un mois après la date officielle. "Je préfère attendre et voir venir. Voir si les gens vont revenir. Je ne veux pas précipiter la réouverture," déclare celle qui se reconnaît sans ambage comme "vieille France".