Déconfinement : la plaisance navigue à vue

La navigation pourra-t’elle reprendre le 11 mai prochain ? Et dans quelles conditions ? C’est la question que se posent aujourd’hui tous les plaisanciers et les professionnels du nautisme en Bretagne. Réponse, cette semaine.

A l’image de l’accès aux plages, certains font déjà pression pour obtenir rapidement un accès à la mer.

Dans un communiqué diffusé en fin de semaine, la Confédération  du Nautisme et de la Plaisance, a appelé au retour de la liberté de navigation dès le 11 mai, tout en s’engageant à respecter toutes conditions sanitaires, (gestes barrières, protections sur les lieux d’accueil, nettoyage et désinfection des parties publiques comme les sanitaires dans les ports).

La prochaine saison estivale est vitale. Pour qu’elle se déroule le mieux possible, tous les acteurs – entreprises nautiques, ports de plaisance, associations et clubs de pratiques, plaisanciers – se sont engagés, par leurs représentants au sein de la CNP, à mettre en œuvre un ensemble cohérent de règles garantissant la sécurité sanitaire, de manière à relever ensemble le défi, dans un esprit de responsabilité et de réalité, pour être au rendez-vous dès le 11 mai. (24/04/2020-Confédération du Nautisme et de la Plaisance)


Une question qui devrait être rapidement tranchée. Les préfets des départements littoraux doivent préciser le 7 mai les conditions de navigation et les règles à suivre.

Gérer l'urgence


Car depuis le 16 mars, tous les ports de plaisance sont fermés. C’est le cas à Lorient, ou depuis un mois et demi, les  2800 bateaux sont privés de leurs propriétaires,  même s’ils n’ont pas été tout à fait abandonnés.

 « Très vite à l’annonce du confinement on a du s’organiser pour pouvoir assurer un service minimum : surveiller les bateaux par exemple, explique Brieuc Morin, directeur des ports et secrétaire général  de l’Association des ports de plaisance de Bretagne (APPB). On a tenu à garder le contact avec tous les plaisanciers en réalisant une vidéo des pontons qu’on a podcastée, afin que chaque propriétaire puisse voir son bateau. Un service qui a été très apprécié. »
 

Et puis, il a fallu s’occuper aussi de la trentaine de plaisanciers, solitaires ou non, confinés sur leur bateau : « des gens qui y vivent à l’année, des plaisanciers qui se sont retrouvés bloqués à Lorient ou des couples qui avaient prévu de partir faire un tour du monde et n’ont pu prendre le large. Ils ont pu utiliser la laverie, les sanitaires, avoir accès au service du courrier et même à des prêts de vélo pour aller faire leurs courses. On était parfois leur seul lien social ».
 

Reprise en douceur de l'activité


Quant aux chantiers, à l’arrêt au début du confinement, ils ont repris tout doucement ces derniers jours, «sur la base du volontariat, précise Brieuc Morin.  Quatre salariés ont repris le travail sur l’aire de carénage du port en centre-ville qui est la plus importante. On y fait environ 2000 manutentions par an. »

Dès le 11 mai, il espère pouvoir renforcer les équipes pour rattraper les deux mois de retard et permettre ainsi aux plaisanciers de récupérer leur bateau au plus vite pour aller naviguer cet été. Reste qu’une bonne moitié des 35 salariés de la Sellor, qui gère les ports, devrait rester en télétravail.

Même chose à la Trinité-sur Mer, l’un des hauts lieux de la voile, qui compte pas moins de 1250 bateaux. « Depuis une quinzaine de jours, ça redémarre tranquillement, explique Jean-Claude Faveris, président de l’Association des plaisanciers de la Trinité-sur-Mer et de l’Union des Plaisanciers des Ports du Morbihan. Il y a environ 250 bateaux à sec sur le terre-plein en ce moment. Cela va nécessiter au moins 700 manutentions d’ici le 1er juillet. »

Des questions en suspens


Parmi les bateaux en cale sèche, il y a celui de Robert, un octogénaire qui  navigue depuis plus de 40 ans et qui commence à trouver long le temps du confinement. Le 4 juin prochain, il avait prévu de partir en croisière jusqu’au Loch Ness, en Ecosse avec les trois copains retraités qui l’accompagnent habituellement dans ses virées sur l’eau.

Mais coronavirus oblige, le Trinitain va devoir renoncer à son périple: « je ferai plutôt une petite croisière le long des côtes françaises, à condition de pouvoir accéder aux ports des autres départements. Il faudra peut-être avoir été testé pour pouvoir débarquer. » A défaut de voyage au long-cours, Robert envisage de faire un  « tour pénard » aux Glénan ou à Belle-Ile.

Mais rallier les îles bretonnes  ne sera peut être pas si évident.

Comment imaginer qu’une île comme Belle-Ile ou les infrastructures sont modestes, soit en capacité d’accueillir des dizaines de bateau chaque jour comme c’est le cas généralement l’été ? Les croisières sur plusieurs jours seront-elles autorisées et combien de personnes pourront se trouver à bord ? Comment aménager les structures d’accueil, sanitaires notamment pour permettre à chacun de respecter la distanciation physique. Autant de questions... pour l’instant sans réponse.  
 

Des entreprises à la cape


Cet avenir incertain n’inquiète pas seulement les plaisanciers mais aussi tous les professionnels qui travaillent dans les ports. Des restaurateurs aux loueurs de bateaux en passant par les écoles de voile, tous ont peur de boire la tasse.

A la Trinité, 60 à 70% des bateaux  appartiennent à des plaisanciers qui vivent loin de la Bretagne. Une clientèle qui pourrait ne pas venir cet été. Quant aux navigateurs occasionnels, eux aussi risquent de faire défaut comme le redoute  Julien Rouault.

Il  dirige une entreprise spécialisée dans la location de bateaux et l’évènementiel. Toutes les réservations pour avril et mai ont été annulées, réservations pour des bateaux mais aussi pour des séminaires ou des évènements de groupe et l’été s’annonce des plus calmes.

L’annulation du Spi-Ouest qui représente un évènement important pour cette entreprise a bien sur porté un sérieux coup au chiffre d’affaires et « pour l’instant, on navigue à vue » confie Julien. Sur les 10 salariés de l’entreprise, seuls deux ou trois travaillent encore, pour répondre aux clients ou entretenir les bateaux. Les autres ont été mis en chômage partiel.

Pas question non plus pour le moment de faire appel aux saisonniers ni à la cinquantaine de skippers indépendants chargés d’habitude d’accompagner les clients. Décidément, l'été 2020 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. 

 L'Association des Ports de Plaisance de Bretagne (APPB) regroupe 85 ports en Bretagne et en Loire-Atlantique plus le port de Granville dans la Manche. Ils réprésentent 46 788 places de ports et mouillages dont 25 000 environ se trouvent dans le Morbihan.
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