Quarante députés de tous bords politiques, dont trois Bretons, ont déposé un projet de loi pour lutter contre les déserts médicaux. Ils y préconisent de réguler les installations de médecins pour "l'intérêt général". Entretien avec Paul Molac.
"Nous sommes un groupe transpartisan de députés de campagne qui avons décidé de nous mettre ensemble pour trouver des solutions aux déserts médicaux", résume Paul Molac.
Cela pourrait sembler commun, mais c’est en réalité un évènement rare en politique. "C’est la première fois que je vois ça. C’est quelque chose d’assez novateur", confirme le député du Morbihan. En effet, l’usage veut que les projets de loi soient portés par un groupe politique. Mais la question des déserts médicaux et de l’inégalité de l’accès aux soins est suffisamment grave pour que des députés de différents partis (à l’exclusion du RN) se mettent autour d’une table et essayent de répondre au problème. Ce projet est porté par le député socialiste de la Mayenne, Guillaume Garot.
8 millions de Français vivent dans un désert médical
"[…] Rien ne nous condamne aujourd'hui à la passivité ou au silence alors que 8 millions de Français vivent dans un désert médical et que 6 millions d’entre eux n’ont pas de médecin traitant", annoncent en introduction les députés, dans une tribune parue ce dimanche dans le JDD.
Les élus estiment que "les mesures d’incitation à l’installation des médecins ne fonctionnent pas ; les inégalités d’accès aux soins continuent de se creuser". Il est donc urgent de réguler l’installation des médecins. "Sans que cette mesure soit un « remède miracle », elle est incontestablement une clé de la solution", écrivent-ils.
Objectif : rééquilibrer la démographie médicale
Pendant six mois, le groupe de députés a travaillé sur le sujet et réalisé une quarantaine d’auditions qui les ont amenés à faire une proposition de loi dans laquelle la régulation occupe une place centrale : "l’installation des médecins et des chirurgiens-dentistes sera organisée en fonction des besoins de santé. Nous proposons par ailleurs une dizaine de mesures qui doivent permettre de rééquilibrer notre démographie médicale : développement des centres de santé, démocratisation de l’accès aux études de médecine, rétablissement de la permanence des soins", détaillent-ils dans la tribune publiée ce dimanche 8 janvier.
Informer les citoyens sur le projet de loi
Pour Paul Molac, il était important de s’adresser directement aux Français à travers cette prise de parole écrite, afin de "populariser ce projet de loi". Les députés sont pleinement conscients que les médecins libéraux sont majoritairement opposés à la régulation de leurs installations, mais à l’instar de ses collègues, l’élu breton estime que "l’intérêt général est que tout le monde ait accès aux soins".