Emmanuel Macron s'est exprimé pour la sixième fois depuis le début de la crise sanitaire. Alors que les petits commerces vont réouvrir dès ce week-end, d'autres comme les restaurateurs ou salle de sport devront patienter au moins jusqu'au 20 janvier.
Emmanuel Macron était attendu ce mardi soir à 20 h pour dévoiler les grandes lignes d'un confinement allégé, fixer "un cap" et évoquer la stratégie du gouvernement pour vacciner la population contre le Covid-19, alors que la crise sanitaire pèse plus que jamais sur l'économie et le moral des Français. "Ce soir, il nous faut poursuivre nos efforts" a t-il annoncé avant de développer les étapes de cet allègement.
Le retour à la normale ne sera pas pour demain, mais nous pouvons maîtriser l’épidémie dans la durée
Ce qu'il faut retenir des annonces
Dès samedi 28 novembre, "les déplacements pour motif de promenade seront permis dans un rayon de 20 kilomètres et pour trois heures". Les petits commerces pourront également réouvrir, en appliquant un protocole sanitaire stricte.
A noter, la reprise des activités extrascolaires extérieures aussi samedi, en salle le 15 décembre, ainsi que le retour des offices dans les lieux de culte samedi, dans la limite de 30 personnes.
La levée du confinement aura lieu le 15 décembre et jusque là l'attestation de déplacement sera toujours en vigueur. A partir de cette date-là, un couvre-feu sera appliqué de 21 h à 7 du matin. La circulation sera libre les soirs du 24 et 31 décembre, sans possibilité de se rassembler sur la voie publique.
Bonne nouvelle pour une partie du monde de la culture : les cinémas, les théâtres et musées pourront à nouveau accueillir du public.
Le 20 janvier, si le nombre de contaminations demeure en dessous de 5000 cas par jour, salles de sport et restaurants pourront rouvrir. Le couvre-feu pourra être décalé. Les lycées pourraient rouvrir pleinement, avec la totalité des effectifs pendant les cours. 15 jours plus tard, les universités pourront reprendre, en présentiel. Toutes ces évolutions sont soumises aux indicateurs sanitaires, avec un bilan de la situation tous les 15 jours.
Des dispositifs sont annoncés pour les établissements fermés administrativement. Il leur sera alloué 20 % de leur chiffre d’affaire 2019, "si cette option est préférable pour eux aux 10 000 euros du fonds de solidarité déjà annoncés".
Concernant la vaccination, elle ne sera pas obligatoire a indiqué le chef de l'Etat. La campagne pourrait débuter fin décembre et concernera d'abord les personnes les plus fragiles.
Satisfaction du côté des commerçants
"Nous sommes satisfaits ce soir, je reçois beaucoup de messages, les artisans sont satisfaits, pour une partie des commerces que je représente à l’U2P du moins, car d’autres comme les crêpiers, la restauration ambulante, sont toujours lourdement pénalisés" réagit Mickaël Morvan, président Bretagne de l'U2P (Union des entreprises de proximité). "L’autre motif de satisfaction, c’est le nouveau motif de déplacement, dans un rayon de 20 kilomètres, et pour trois heures. Pour la coiffure, par exemple, c’est important, lorsqu’une personne doit rester plusieurs heures pour des mèches, une couleur. C’est très fréquent."
Il souligne en revanche quelques inquiétudes, sur le protocole strict. "Nous avions déjà un protocole datant du mois de mai qui était assez strict : 4m² par client, de la désinfection, des peignoirs jetables, etc… Avec 8m² par client, ça va être difficile de compenser notre chiffre d’affaire habituel du mois de décembre, qui est un double-mois pour les coiffeurs, par exemple. Beaucoup de nos petites entreprises ont des locaux de moins de 100 mètres carrés. Quelques fois 30 ou 40 mètres carrés, pour eux ce sera très compliqué. C’est pourquoi nous nous demandons si les fonds de soutien vont continuer à jouer (pour moins de 50% du chiffre d’affaire) ainsi que le chômage partiel. Nous attendons ces détails avec les annonces plus précises que doit faire Jean Castex."
L’U2P représente 2,8 millions de TPE-PME dans les secteurs de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales, soit les 2/3 des entreprises françaises. 120 000 en Bretagne. Autour de 160 000 salariés.
"On est catastrophés"
Laurent Verdes est le propriétaire de trois salles de sport à Rennes, ce qui représente 7000 adhérents, une équipe de 18 salariés. Pour lui la situation est inadmissible. "Cela fait six mois de fermeture, sur douze". "Il n'y a aucune démonstration que les salles de sport soient des lieux de contamination, aucune preuve."
Il pointe la responsabilité du gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire."La deuxième vague on l'a eue dans notre pays alors que d'autres ne l'ont pas vécu et c'est la responsabilité du politique. Ils auraient dû fermer les frontières, développer les tests."
"On est catastrophés", dit-il. "Nous allons nous retourner vers le tribunal administratif, saisir la cour de justice. Je souhaite bien du courage au gouvernement, il n'a pas conscience de la colère qui gronde."
Pas de surprise, pas de perspective
"Malheureusement il n’y a pas de surprise, mais pas de perspective non plus", relève Carl Hautbois, patron de la discothèque Le Gossip, à Vitré. "On nous parle d’une compensation de 20% du chiffre d’affaire, mais c’est sans compter nos charges, qui sont énormes. Par exemple nous avons les assurances les plus chères. Et puis 20% sur la même période, qu’est-ce que ça veut dire ? D’où sort ce chiffre ? Encore une fois il n’y a pas de concertation. J’espère au moins que ce sera lissé sur l’année. Mais surtout, ce qui nous mine, c’est qu’il n’y a pas de perspectives."
Roger Petton, propriétaire du restaurant Au relais Celton à Brest remarque : "On va sortir de là mais dans quel état, on ne sait pas." Il s'était préparé psychologiquement à l'échéance de janvier. "Je savais que les fêtes c'était fini". A propos des 20 %, il pense qu'il ne sera pas gagnant, contrairement à d'autres plus grosses structures. "C'est frustrant de ne pas avoir de perspectives car celles-ci dépendent de l'amélioration de la situation sanitaire." "On a mis cinq mois pour relever notre affaire, malgré tous les boulets qu'on avait et on avait réussi. Là ce que je crains c'est la troisième vague."
Il va falloir qu'on nous explique la différence entre une bière et une pizza
Eric Billon, patron de plusieurs bars à Rennes exprime ce soir "un sentiment bizarre". Il note que les deux activités bar et restaurant ont été scindées, aucune évocation de la réouverture des bars, ce qui dénote selon lui une certaine hypocrisie car il n'y pas de différence une fois que tout le monde est assis à table. "Il y aura des actions à mener, c'est sûr". Une rencontre doit avoir lieu vendredi entre les professionnels du secteur et la préfecture.
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— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 24, 2020