La coupe est pleine pour l'association des victimes de l'accident de TER qui avait fait 3 morts et 45 blessés au passage à niveau de St-Médard-sur-Ille en 2011. Sans réponse à la requête d'élus demandant au chef de l'Etat d'arbitrer sur le pourvoi en cassation de la SNCF, l'association l'interpelle.
Cette interpellation est un "dernier recours" pour les membres de l'association.
"En tant que chef de l’Etat, qui est l’actionnaire unique de la SNCF, il doit nous dire si oui ou non, il cautionne la position du président actuel de la SNCF (…) qu’il explique pourquoi il continue d’aller dans un processus de cassation malgré les décisions antérieurs de justice et la douleur imposée aux victimes qui n’attendent qu’une seule chose c’est tourner la page pour se reconstruire", nous confie Lionel Labourdette, président de l'association "Solidarité Saint-Medard PN11".
Concrètement, les victimes de Saint-Médard demandent au Président de "reconnaître les erreurs de la SNCF dans la gestion de la sécurité du PN11" et de "condamner l'acharnement juridique de la SNCF en imposant de mettre fin au pouvoir en cassation".
Dans la lettre du 13 février adressée à Emmanuel Macron, l'association rappelle également que le 15 janvier 2019, Guillaume Pépy, alors président de la SNCF, s'était engagé à ne pas se pourvoir en cassation et qu'à l'issue du procès en appel, la société de chemins de fer se pourvoyait en cassation "au mépris de l'engagement de l'ancien Président".
Ce pourvoi en cassation est une "trahison" pour les victimes
En décembre 2019, soit huit ans après le drame et plus d'un an après une première condamnation, la cour d'Appel de Rennes reconnaissait à nouveau une culpabilité de SNCF Réseau et SNCF Mobilités et les condamnait à des peines de 300 000 euros d'amendes chacune, entrainant leurs décisions d'un pourvoi en cassation.
La SNCF justifie sa décision dans une lettre adressée à Lionel Labourdette le 23 janvier 2020, écrivant notamment : "Cet arrêt parait donc entaché d'imprécisions, de contradictions, d'une vision partielle et partiale des circonstances ayant concouru à la survenance de ce terrible accident (...) Ce sont ces différentes raisons qui ont conduit le Groupe SNCF à former un pourvoi en cassation contre cette décision qui, en l'état, est de nature à créer pour lui une situation d'insécurité juridique qu'il se doit de clarifier".
Pour Marie-Louise Beaupère, victime de l'accident, ce pourvoi en cassation est une trahison. "Quand j’ai appris ça je me suis effondrée. Ils n'ont pas de cœur ces gars-là", témoigne-t-elle. En 2011, elle était restée 10 jours dans le coma et a aujourd'hui d'importantes séquelles.
"Ce pourvoi en cassation bloque nos vies. On aimerait penser à autre chose, penser à nous. Mais non il y a toujours l'accident. La justice, ça n'a jamais été notre univers. On découvre cet univers qui est féroce. Nous on a juste envie d'être tranquille, de respirer enfin", confie Marie-Louise Beaupère.
Des élus ont aussi interpellé Emmanuel Macron
Fin janvier 2020, deux députés et 73 maires d'Ille-et-Vilaine ont adressé un courrier au Président de la République Emmanuel Macron, à Elisabeth Borne, ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, à Jean-Baptiste Djebarri, secrétaire d'Etat aux transports ainsi qu'au président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou et au président de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet.
Dans ce courrier, ils demandaient à ce que le pourvoi en cassation de SNCF Réseau et de SNCF Mobilités soit retiré et que le jugement de la cour d'appel de Rennes soit appliqué. Suite à ce courrier, l'un des députés à l'origine de la lettre confirme ne pas avoir reçu de réponse de l'Elysée, mais un courrier de la SNCF expliquant en substance qu'elle ne retirerait pas son pourvoi en cassation.
L'association espère, elle, être entendue.