Elections municipales le 28 juin : les réactions en Bretagne

Le gouvernement a tranché : le deuxième tour des élections municipales aura lieu le 28 juin. L'appel des 36 maires réclamant un second tour rapidement a donc été entendu. Les élus bretons sont globalement satisfaits de cette décision, mais ils sont quelques-uns à la regretter.

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"On y va !", s'exclame, enthousiaste, Bernadette Malgorn. Le 15 mars dernier, la candidate de la droite et du centre est arrivée en deuxième position à Brest, derrière le maire sortant PS François Cuillandre.
"Le premier tour a désigné notre liste comme la seule capable de battre François Cuillandre, et le plus tôt sera le mieux!", poursuit-elle. "J'espère cependant qu'il y aura des mesures prises pour faciliter le vote par procuration. Au premier tour, notre liste a clairement été la plus pénalisée par l'abstention. Nous avons un électorat un peu plus âgé que la moyenne: des électeurs nous ont dit, en s'excusant, que sur les conseils de leur médecin, ils avaient préféré ne pas se déplacer le 15 mars dernier. Nous espérons bien récupérer ces votes-là en juin !"


Une tribune de poids


Le maire socialiste sortant, François Cuillandre, fait partie des signataires d'une tribune publiée le 17 mai dernier, réclamant la tenue du deuxième tour avant la fin du mois de juin, au motif que "la démocratie ne peut pas être plus longtemps confinée". "Non seulement ces élections sont jouables au niveau des règles sanitaires mais elles sont indispensables !", avait alors insisté le maire de Brest.
 

Les communes et les communautés de communes portent l'investissement public. Il faut pouvoir les installer rapidement.
 

"C'est une bonne chose que le cycle démocratique et le cycle économique puissent reprendre, se réjouit Agnès Le Brun (DVD), maire de Morlaix. Il n'y a rien de pire que cet entre-deux démocratique et économique. Les communes et les communautés de communes portent l'investissement public. Il faut pouvoir les installer rapidement."

Son principal opposant, Jean-Paul Vermot (DVG), arrivé en tête au premier tour, est satisfait lui aussi, tout en étant conscient que sa rivale a bénéficié d'une exposition médiatique dont lui-même a été privé : "Je fais confiance aux électeurs, j'ai une approche sereine de cette échéance..."

Même écho du côté du candidat écologiste à Rennes, Matthieu Theurier, fort d'un score très important le 15 mars dernier (25,5% des voix). "Il y a une nécessité de boucler ce cycle électoral pour que les collectivités locales se mettent en ordre de marche pour l'après-crise sanitaire. On va travailler à ce que le territoire puisse gérer tout ce qu'il y a à gérer".

L'une de ses rivales sur le terrain, la candidate de la République en Marche, Carole Gandon approuve elle aussi cette décision du gouvernement. "Il faut à la fois conjuguer la sécurité sanitaire, les impératifs démocratiques et les enjeux de la relance économique et sociale" détaille-t-elle, enthousiaste à l'idée de reprendre une campagne qui sera bien sûr très différente.

Une campagne qui confirmera d'ailleurs les thèmes déjà mis en avant lors du premier tour : les risques d'une densification de la ville et les défis en matière d'inégalité et de solidarité.


Une campagne à réinventer


Mais comme le précise un communiqué du porte-parole de la liste de la maire sortante socialiste de Rennes Nathalie Appéré, cette campagne se poursuivra "dans un format forcément contraint par le contexte de la pandémie de Covid-19".

"On ne craint pas d'être créatif pour réinventer une autre campagne, et nous sommes convaincus que la population jouera le jeu", se réjouit à Saint-Brieuc, Hervé Guihard, candidat divers gauche, arrivé en tête devant sept autres candidats pour succéder à Marie-Claire Diouron. Lui aussi attendait la confirmation de cette date. "Il est temps de se remettre au service de la ville. Côté programme, en revanche, il y aura quelques changements, pas de fond mais d'ordre. Les priorités seront modifiées, évidemment les difficultés des commerces et des artisans seront en tête, le développement du vélo aussi."


Quelques candidats mécontents 



Arrivé en troisième position de ce scrutin, le dauphin de la maire sortante Corentin Poilbout (LREM) est bien moins convaincu par le choix de cette date. "Comment peut-on croire que l'on peut faire une campagne à distance ? C'est bien méconnaître la réalité d'une campagne. Par ailleurs, qui peut croire aujourd'hui que c'est la même campagne ? Ce ne sont plus les mêmes projets, les mêmes attentes. C'est donc une campagne nouvelle et nous sommes privés des moyens de la développer", ajoute-t-il avec une certaine amertume.
 
« Le gouvernement a choisi de sacrifier cette élection», déplore Ludovic Jolivet, maire divers droite (AGIR) de Quimper. Arrivé en deuxième position derrière la candidate de gauche, il aurait pu se réjouir d’un deuxième tour le 28 juin, qui donnera probablement une prime au sortant, mais ce n’est pas le cas : « Comment peut-on tenir des élections en plein état d’urgence ? On ne va pas pouvoir mener campagne, sans parler de la difficulté à trouver des assesseurs et des scrutateurs pour le jour du scrutin. Ce sera forcément une élection en mode dégradé, regrette-t-il. Les enjeux ont tellement changé depuis le 15 mars ! A Quimper, on a instauré la gratuité des bus, on va supprimer le droit de terrasse pour les cafés et restaurants, et ce ne sont que quelques exemples : les pertes pour la collectivité vont se chiffrer en millions d’euros. Il faudrait revoir les programmes, et là on n’aura pas le temps de le faire… »
Sa principale opposante, Isabelle Assih (PS et alliés), défend au contraire cette date du 28 juin : "D'habitude, on a cinq jours pour préparer le deuxième tour, là on aura du temps ! On attend de voir ce qui sera autorisé pour cette campagne, mais on est prêts. Le plus important sera de ne pas commettre d'erreur quant à l'épidémie, mais je fais confiance aux agents de la ville". La candidate, arrivée en tête au premier tour, ne craint pas la prime au sortant : "Contrairement au maire actuel, je n'ai pas à revoir mon projet électoral. La crise nous a donné raison sur les circuits courts, l'emploi local ou la lutte contre les précarités.


Il faut qu'on s'habitue malheureusement à avoir des expressions démocratiques dans des contextes comme celui-là.


A Saint-Malo, celui qui a frôle l'élection dès le premier tour, Gilles Lurton (Les Républicains) ne partage pas cet avis. "Il faut en finir avec cette affaire, il faut que le renouvellement démocratique ait lieu", tout en insistant, comme tous les autres candidats sur la nécessité de prendre toutes les précautions sanitaires nécessaires. "Il est hors de question de mettre en danger la vie des électeurs."

"Chaque élection a son contexte, il y a toujours des événements qui peuvent influer. Il faut faire avec. La crise peut durer, dans six mois ce ne sera pas forcément mieux, il est possible qu'à l'avenir on connaisse d'autres crises, même écologiques...
Il faut qu'on s'habitue malheureusement à avoir des expressions démocratiques dans des contextes comme celui-là",
conclut Matthieu Theurier

"On a appris à faire avec l'épidémie, constate Damien Girard, candidat de l'Union de la gauche et des écologistes à Lorient, qui espère que l'abstention sera moins élevée qu'au premier tour. Malgré le risque, on va faire nos courses, on va au travail : pourquoi ne pas aller voter? Il faudra juste prendre toutes les précautions auxquelles on est habitué, désormais." 

La décision du gouvernement, comme l’a précisé ce vendredi le Premier Ministre, est cependant réversible, en fonction des conditions sanitaires. Edouard Philippe a évoqué « une clause de revoyure » dans deux semaines. Le projet de loi, qui sera présenté, envisagera d’ailleurs un report possible jusqu’en janvier prochain. 

 
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