Éolien, hydrolien : l'avenir des énergies marines renouvelables reste incertain

Projet éolien offshore du Dieppe/Le Tréport (Seine maritime) sur la sellette, silence du Premier ministre sur l'hydrolien : l'avenir des Énergies marines renouvelables (EMR) en France apparaît très incertain, dix ans après le début de l'affichage politique en leur faveur.

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"La France a du retard, c'est évident. Le risque existe de passer à côté d'une belle opportunité. Il faut absolument faire sauter les obstacles réglementaires qui ont été mis successivement par une technostructure d'État qui est très réticente en France aux énergies renouvelables et voit aujourd'hui les EMR fortement concurrencer le nucléaire", a estimé François de Rugy, président de l'Assemblée nationale, ex-EELV aujourd'hui LREM, interrogé jeudi 23 novembre, en marge des assises de l'économie de la mer au Havre.


"Mille kilomètres de côtes et pas une éolienne (posée) au large de la France, c'est lamentable. Le prix de ce retard est considérable: on se retrouve avec des responsables politiques qui disent on continue le nucléaire car les EMR n'ont pas pris le relais à temps", alors que des parcs éoliens offshore se multiplient ailleurs en Europe, a renchéri le député LFI Jean-Luc Mélenchon, interrogé également au Havre, persuadé toutefois qu'une "prise de conscience" a eu lieu et que la France peut rattraper ce retard "en quelques années". 

Un horizon assombri depuis quelques mois


Le parc éolien de Dieppe/Le Tréport est sur la sellette, après un avis négatif en octobre du parc marin des estuaires picards. L'avis est consultatif mais il est suffisamment important pour que l'agence de la biodiversité, dont l'avis est clé, ait reporté de plusieurs mois sa décision sur ce parc éolien, à début 2018. Le conseil régional de Normandie s'en est inquiété dans un communiqué le 17 novembre. "Les projets d'implantation d'usines au Havre et la création de 750 emplois directs ne se réaliseraient vraisemblablement pas" si ce parc éolien ne voyait pas le jour, estime la collectivité.

Plusieurs autres parcs éoliens sont certes prévus, au large de la Normandie et des Pays-de-la-Loire. Quatre ont reçu le feu vert préfectoral. Mais les recours sont nombreux. Surtout, "si on casse une des briques de la nouvelle filière industrielle (en annulant le parc du Tréport), on met en danger toute la filière car il y aura clairement un effet domino", a estimé mercredi Hubert Dejean de la Bâtie, vice-président du conseil régional de Normandie. Les syndicats de Naval Group (ex DCNS) sont aussi très inquiets. La CGT a même accusé le groupe de vouloir "abandonner" les EMR dans un communiqué le 26 octobre. Interrogée par l'AFP, la direction du groupe dément et assure maintenir le cap sur les EMR.

Elle a certes remercié l'été dernier le président de sa filiale Naval Energies et mis fin à l'expérimentation d'hydroliennes, technologie moins mâture que les éoliennes, au large de Bréhat, en Bretagne. Mais le groupe va continuer l'expérimentation de ces machines qui produisent de l'électricité avec la force des courants au Canada et compte ouvrir au printemps son usine d'assemblage d'hydroliennes, en construction à Cherbourg, assure sa direction.


La déception est grande pour les acteurs du secteur alors que les investissements sont importants en Bretagne. Du côté du conseil régional pourtant on reste optimiste. 


Le silence du Premier ministre Edouard Philippe sur les hydroliennes lors de son discours lors des assises mardi inquiète toutefois les industriels de cette filière. "C'est dramatique", a assuré un des représentants de Naval Group dans les couloirs des assises. La filière a attendu en vain l'annonce du lancement d'un appel d'offres pour des fermes commerciales hydroliennes. 

Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a confirmé mercredi au Havre que le gouvernement simplifierait les procédures pour l'éolien offshore. Mais sur les hydroliennes, interrogé par l'AFP, il a invité à "ne pas brûler les étapes".

La CFDT de Naval Group a dénoncé jeudi dans un communiqué "une erreur d'appréciation" et un "virage à 180 degrés du nouveau gouvernement".  Et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a appelé jeudi dans un communiqué au "lancement d'appels d'offres commerciaux au plus tôt (...)pour l'éolien en mer et pour l'hydrolien".

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