François Hollande a annoncé lundi à Papeete une révision des conditions d'indemnisation des victimes des essais nucléaires menés pendant 30 ans par la France tout en reconnaissant leur "impact" sur l'environnement et la santé en Polynésie française. Réaction d'un vétéran des essais nucléaires.
Hollande reconnaît "l'impact environnemental" et "sanitaire" des essais nucléaires en Polynésie françaiseL'annonce était attendue, le chef de l'Etat répondant, au moins partiellement, à une vieille revendication des associations de défense des victimes comme des élus polynésiens devant lesquels il s'exprimait à l'occasion d'une visite dans l'archipel du Pacifique sud. Le chef de l'Etat a dit vouloir "tourner la page du nucléaire".
"Je reconnais que les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires".
Plus généralement, François Hollande a salué "solennellement" la contribution de la Polynésie à la force de dissuasion nucléaire française.
Préciser la notion de risque négligeable
Le chef de l'Etat a annoncé la levée partielle d'un verrou qui empêchait l'indemnisation de nombreuses victimes. La loi du 5 janvier 2010, dite loi Morin du nom de l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin, a apporté des "avancées" mais seule "une vingtaine" de dossiers d'indemnisation - sur un millier - ont abouti, a-t-il noté.Ainsi, son décret d'application sera "modifié" pour "préciser la notion de risque négligeable" évoquée par la loi mais seulement "pour certaines catégories de victimes lorsqu'il est démontré que des mesures de surveillance indispensables n'avaient pas été mises en place", a-t-il spécifié. Les associations demandaient quant à elles le retrait pur et simple de cette disposition.
Des Bretons en première ligne
"Les conséquences environnementales des essais devront également être traitées" sur les atolls qui accueillaient les installations nucléaires, a ajouté François Hollande. L'Etat achèvera notamment "le démantèlement des installations et la dépollution de l'atoll de Hao" et ceux de Mururoa et Fangataufa feront l'objet d'une "vigilance méticuleuse".La France a conduit 193 essais nucléaires de 1966 à 1996 sur les atolls de Mururoa et Fangataufa.
On estime à près de 150 000 le nombre de personnels auxquels s'ajoutent les populations vivant à proximité des sites, qui ont potentiellement été exposés aux radiations atomiques lors des 210 essais nucléaires que la France a réalisés entre 1959 et 1996 au Sahara puis en Polynésie française. La Marine Nationale était concernée au premier chef, la Marine où l'on trouvait jusqu'à 30% de Bretons.
Larbi Benchiha, le réalisateur du documentaire "Bons baisers de Moruroa" diffusé sur l'antenne de France 3 Bretagne lundi 15 février, rediffusé le jeudi 10 mars à 8h45 et visible sur notre site ICI, précise que ces jeunes Bretons partis en Polynésie à cette époque, "étaient fiers de travailler à la grandeur de leur pays en participant aux essais nucléaires français. lls sont partis là-bas comme s'ils partaient en vacances. C'était la belle vie, ils étaient bien payés".
Un représentant de l'AVEN 35 (Association des Vétérans des Essais Nucléaires) était l'invité du 12/13 Bretagne ce mardi pour réagir à ces annonces :
Jean-Yves Huet, président de l'Association des Vétérans des Essais Nucléaires en Ille-et-Vilaine réagit aux annonces de François Hollande sur le plateau du 12/13
Bretagne ce mardi 23 février 2016.
Il est interviewé par Eric Pinault