Exilés du confinement : ils regagnent la région parisienne entre soulagement et appréhension

Ils ont quitté leur domicile parisien en quelques heures à la mi-mars. C'est l'heure du retour pour celles et ceux qui reprennent le travail sur le terrain le 11 mai. Tandis que certains préfèrent prolonger cette parenthèse bretonne. 

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Sophie aurait bien poursuivi cette aventure brestoise, chez ses beaux-parents, avec compagnon et enfants. Mais le devoir l'appelle en région parisienne. Institutrice de CM2, elle sera au rendez-vous lundi 11 mai pour préparer la reprise scolaire. Alan doit lui aussi abandonner le télé-travail d'ici une semaine. Retour impératif dans leur 60 m2 de Montreuil. Thomas 6 ans et Timothée 3 ans ont hâte de retrouver leurs lits superposés et surtout leurs copains! 
 

Il y a un peu d'appréhension à rentrer à Paris


Partis dans la précipitation, au matin du 17 mars, ils ont laissé la clé de l'appartement aux voisins, pour qu'ils profitent d'un peu plus d'espace pendant leur absence. Ils n'avaient alors aucune idée de leur date de retour. "On avait le sentiment d'abandonner le navire dans la tourmente" raconte Sophie, "on craignait aussi d'emporter le virus avec nous. De mettre en danger notre famille. Au début on a fait très attention".

Ce sont les parents d'Alan, inquiets de la situation sanitaire à Paris, qui leur ont proposé de s'exiler à Brest. Un jardin immense, chacun sa chambre. La mer au loin. Cette parenthèse a eu un petit goût de paradis. Les garçons se sont découvert une passion pour les cabanes et les chats. "Thomas a mis 3 semaines à réaliser que l'on était confiné" sourit Sophie "leur vie s'est améliorée. On était là tout le temps".

Entre télé-travail, école par visio-conférence, enfants dans une forme olympique 24h/24, la cohabitation s'est organisée avec des hauts et des bas. Les règles entre générations ne s'harmonisant pas toujours, il a fallu trouver un équilibre.
 


Revenir chez Papa Maman en étant adulte, en famille, ce n'est pas évident



"C'est sûr on a perturbé le quotidien de mes parents", reconnaît Alan, "revenir chez Papa Maman en étant adulte, en famille, ce n'est pas évident".
"Ils espèrent nous voir cet été" ajoute-t-il en riant, "on ne les a pas trop dégoûtés". 

 



Dans l'ensemble, ce qu'ils ont partagé s'apparente au bonheur. Sans être en vacances, ils ont eu la sensation de ne plus courir tout le temps. Thomas et Timothée n'ont plus entendu :"Dépêche-toi, on va être en retard".

A l'heure de regagner leur chez-eux, les enfants ont hâte de retrouver leur chambre, leurs jeux. La vie sociale leur a manqué à tous. A la joie de revoir ami(e)s et voisin(e)s, se mêle pourtant l'appréhension d'un espace limité, la difficulté de reprendre le rythme habituel.  
Les parcs toujours fermés, les écoles pas encore ouvertes, du béton à 1km autour de leur immeuble... 
 

Ce confinement remet en question l'intérêt de rester en région parisienne



"On manque de place, on ne profite pas de Paris. On prendra le temps de faire le bilan du confinement. De décider quel est notre avenir. On ne va pas changer dans les mois qui viennent", explique Sophie.

Retourner dans une zone rouge après avoir vécu dans une région épargnée pendant près de deux mois ne les inquiète pas pour l'instant : "On ne se rend pas compte en fait. Il n'y a pas de stress en Bretagne. Quand on parle avec nos voisins, nos collègues de Paris, on sent qu'ils ont peur pour leur santé. Ils portent un masque au quotidien". Une chose est sûre, ils fêteront le déconfinement dans les prochains jours. Avec précaution... 

 


Julie et Erwan ont de leur côté déjà repris leurs marques dans le XVème arrondissement de Paris. Après huit semaines passées à Sainte-Marine dans le Finistère.

Eux aussi sont partis très vite se réfugier dans une maison de famille avec jardin. Ils se sont habitués à ne plus avoir le droit de sortir. A vivre un temps suspendu. 

De retour dans leur appartement, leurs filles Louise 7 ans et Zoé 5 ans apprécient d'être chez elles. Tandis qu'Erwan doit poursuivre le télé-travail jusqu'en septembre, Julie retrouve son métier d'institutrice en réel. 

 

"C'est notre vie, c'est chez nous. Même si on est en zone rouge"



"C'est bien que ce confinement s'arrête", estime Julie, "on nous demande de reprendre notre travail avec la ré-ouverture des écoles, j'ai le sentiment de faire ma part. C'est normal, c'est notre vie, c'est chez nous. Même si on est en zone rouge. L'enseignement à distance ce n'est pas pareil. On a fait de notre mieux, mais à travers un écran c'est limité, le contact avec les élèves, on ne l'a pas".

Louise et Zoé ne savent pas encore quelle école pourra les accueillir et dans quelles conditions, toutes les deux meurent d'envie de voir des copines, de retourner en classe. 
 

Un sentiment d'incrédulité, de lassitude
 

"J'ai l'impression qu'on ne réalise pas trop tout ce qui s'est passé", poursuit Julie, "il y a un sentiment d'incrédulité. De lassitude. On a envie d'en sortir. La difficulté c'est de ne pas pouvoir faire de projet. On est dans l'incertitude pour tout. C'est dur de ne pas savoir..."

Cet été, ils ne resteront pas à Paris. S'il y a possibilité de circuler, ils repartiront en Normandie ou en Bretagne d'où ils sont originaires. 

  


Tous les exilés de la capitale ne sont pas repartis. Certaines familles jouent les prolongations avec plaisir. 

Christophe et Marie par exemple avec leurs trois enfants de 5 ans, 2 ans et 6 mois ont choisi de quitter leur appartement parisien pour se mettre au vert en Bretagne dès l’annonce des fermetures d’écoles, quelques jours avant le confinement. « Rester enfermés en télétravaillant avec nos trois bambins, cela nous paraissait compliqué… pour tout le monde ».

Un départ à la hâte encore une fois. Direction d’abord une maison en location avec jardin à Dinan (Côtes-d'Armor). Jusqu'à ce que les locations saisonnières soient interdites. Le confinement se prolongeant, le loyer devenant trop cher, la famille déménage alors à Cancale (Ille-et-Vilaine) dans une maison prêtée gracieusement par un couple d’amis (avec l’aval de la gendarmerie).
 

Nous étions désemparés et la bienveillance des gens que nous avons rencontrés nous a réconfortés


Pas très sereins quant à l’accueil qui leur serait réservé à eux, les Parisiens, Christophe et Marie ont très vite été rassurés.

« Il faut nous imaginer déchargeant la voiture avec nos trois enfants à Cancale en plein confinement…  Autant dire que nous faisions profil bas. En définitive, les voisins auxquels nous nous sommes présentés, en expliquant notre situation, ont été très accueillants et nous ont vite mis à l’aise. Compréhensifs et chaleureux même. Cela nous a réellement beaucoup touchés », raconte Christophe encore tout ému. « Nous étions réellement désemparés et la bienveillance des gens que nous avons rencontrés là-bas nous a réconfortés. »

Durant toute la durée du confinement, la famille fait profil bas, suit scrupuleusement les règles : une heure de promenade par jour avec les enfants. Le reste du temps, c’est télé-travail.

 

En attendant le retour à Paris



En dépit de la levée du confinement, Christophe, Marie, Joseph, Gabriel et Margot resteront encore un peu à Cancale… « Parce que nous avons tous les deux la possibilité de continuer à travailler à distance, parce que la maison reste disponible et aussi parce que nos enfants n’étant pas prioritaires, ils n’ont pas la possibilité de retourner à l’école à Paris. »

Un choix rationnel motivé aussi par l’ambiance, la gentillesse locales. Cela suppose toutefois des petites adaptations.

« Il a fallu acheter quelques jouets d’occasion pour nos enfants. Nous ne pensions pas rester aussi longtemps. Et puis, nous sommes partis mi-mars avec des vêtements d’hiver, deux pantalons et trois T-shirts. En deux mois, les enfants ont grandi et certains habits ne leur vont plus. Dès que les magasins seront ouverts, nous irons faire un peu de réassort. »

En attendant l’autorisation de pouvoir se ballader en bord de plage avec femme et enfants, Christophe tient encore une fois à remercier les Bretons pour leur accueil.

Nous rentrerons à Paris, c’est sûr. « Là-bas, il y a de forte chance qu’on finisse par attraper ce virus. Peut-être qu’alors les hôpitaux se seront un peu vidés. »


 

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