A deux mois du coup d'envoi du festival Just Do Paint, les organisateurs doivent annuler 18 fresques sur les 27 prévues au programme. C'est autant de street-artistes qui ne viendront pas redonner des couleurs au centre-ville de Saint-Brieuc. La 4ème édition s'annonce réduite.
Depuis sa création en 2018, le festival Just Do Paint a permis à des dizaines de murs abandonnés du centre-ville de Saint-Brieuc de raconter de nouvelles histoires. Une galerie à ciel ouvert qui s’enrichit de nouvelles fresques à chaque édition et permet de découvrir la cité autrement.
Les artistes viennent d’un peu partout en France et d’ailleurs. Chacun avec son univers. Tous laissent leur empreinte au fil de la ville.
"On a dû annuler des grandes stars du graff"
Cette année, le collectif à l’origine du festival, a proposé de métamorphoser 27 murs pour la 4ème édition qui doit se tenir du 1er au 4 juillet. Déception : le service de l’architecture et du patrimoine des Côtes-d’Armor vient de rendre un avis défavorable. Il en refuse 18. Une décision qui force les organisateurs à réduire la voilure drastiquement.
"On se retrouve avec six nouvelles façades dont seulement deux en centre-ville. Ce sera forcément une édition réduite. On a dû annuler de grandes stars du graff. C’est difficile de les faire venir… On va devoir renoncer aux balades qui étaient prévues de mur en mur. C’est vraiment dommage" lâche Bertrand Keravis, directeur artistique du festival.
Art urbain et patrimoine
Comment répondre aux demandes des propriétaires qui proposent les pignons de leurs maisons aux graffeurs ? Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir égayer leurs murs aveugles. Ce sont la ville de Saint-Brieuc et l’architecte des Bâtiments de France qui donnent leur aval. Ou pas.
Pour Romain Rollant, adjoint à la culture de Saint-Brieuc, ce n’est pas le volume de façades à graffer qui pose problème mais la façon dont les œuvres s’inscrivent dans leur environnement. Et sur ce dossier, les prescriptions des Bâtiments de France sont incontournables.
"La question c’est l’insertion du street art dans un centre-ville historique remarquable. Aujourd’hui les façades sont proposées sans esquisse. Cela mérite discussion. Quelle est la durée de vie d’une œuvre ? Comment s’opèrent les renouvellements ? Quel espace consacrer à cet art de rue ? Ce n’est pas remettre en cause la liberté de créer" explique l’adjoint à la culture.
Concilier patrimoine historique et street art, c’est l’enjeu aujourd’hui
Le dialogue entre les organisateurs, la ville et l’architecte des Bâtiments de France semble avoir été insuffisant pour que tout le monde puisse se mettre d’accord. La pandémie et toutes ses contraintes ont compliqué les rencontres et rétrécit le calendrier.
"Notre projet est basé sur la libre expression. Travailler avec les Bâtiments de France, discuter avec les services de l’urbanisme de la ville de Saint-Brieuc, c’est une évidence. S’il faut présenter des esquisses pour chaque mur, on n’est plus dans une démarche artistique, on ne crée pas sur commande. Au final, on perd totalement l’âme du festival" commente Bertrand Keravis.
Pour autant, les initiateurs de Just Do Paint comptent maintenir une édition début juillet. Une parenthèse artistique très attendue.