En quelques coups de pinceau il transforme un vieux mur en tableau. Aussi vrai que la baguette du magicien sème une traînée d'étoiles, le pinceau du street-artiste donne vie à son personnage sur les murs et donne du sens aux décors. Cette fois en Cornouaille, de Douarnenez à Tréguennec via Audierne.
L'ancienne école des pêches à Audierne fait peau neuve et va devenir "le Cargo", un lieu culturel qui exposera bientôt de nombreux artistes.Le vernissage devait se tenir le 1er août, mais le Covid et le confinement ont stoppé net les travaux et l'arrivée des artistes. Jean Deulceux, photographe et directeur artistique du Cargo et Cécile Maurage, régisseuse, cofondatrice du projet et du concept du Cargo, ont tout de même tenu à baptiser le bâtiment ce 1er août.
Le parrain est un street-artiste de renom: Jérôme Mesnager. Ce pionnier de l'art urbain a essaimé ses corps blancs dans le monde entier ou presque. On l'a vu à Paris, à Mesnilmontant ou dans les catacombes de Paris, au Japon ou sur la muraille de Chine, à New-York et à Audierne.
Sarra Ben Chérifa a rencontré Jérôme Mesnager
Un personnage, une idée en adéquation au lieu
Jérôme Mesnager est peut-être moins connu que le personnage auquel il a donné vie: "l'homme en blanc". Un personnage qu'il a inventé en 1983, une silhouette nue qui capte l'oeil au coin de la rue. Un corps blanc qui peut prendre aussi des formes féminines pour évoquer le couple ou qui se démultiplie en groupes humains.L'artiste est aussi connu que ceux qu'il fréquente et qui sèment eux-aussi, leurs œuvres en toute liberté sur les murs des villes avec les risques que cela comporte: Ernest Pignon Ernest, Nemo, Artiste Ouvrier, Mosko et beaucoup d'autres. Depuis l'enfance il est entouré d'artistes, il a une solide formation et s'inspire parfois des grands maîtres. Il travaille aussi en atelier, à Paris ou en Normandie.
Jérôme Mesnager n'est pas seulement un peintre des villes, c'est un poète des murs: un artiste au langage universel qui s'inspire des lieux et des éléments du paysage pour faire surgir une émotion.
C'est la situation et le mouvement de son personnage souvent en prise avec un élément du décor, qui donne du sens au résultat visuel. Ainsi dans le Finistère il pose son personnage sur les coques d'un cimetière de bateau et la scène prend vie.
Invitation au CARGO à Audierne
C'est Jean Deulceux, le directeur artistique du Cargo à Audierne, qui a eu l'idée d'inviter Jérôme Mesnager, toute cette dernière semaine de juillet, à une itinérance dans le Finistère Sud.Désormais, la silhouette blanche, symbole de lumière, de force et de paix, se rencontre dans sept lieux différents sur la côte de Cornouaille: caché sur la plage des surfeurs à la Torche, courant sur les murs de béton de l'usine de concassage de galets à Tréguennec, sur un blockhaus de la plage, ou grimpant sur le granit d'un rocher du port de Pors Poulhan, sur une plage de Plouhinec, à l'abordage des vieilles coques du cimetière de bateaux de Douarnenez, et bien-sûr dansant dans les couloirs de l'ancienne École d'Application Maritime qui devient le CARGO.
Dorénavant la Bretagne fait partie du grand tableau de l'artiste.Je fais des tableaux et la toile c'est le monde
Le Cargo inaugure ainsi son départ vers de nouvelles aventures artistiques. Les visiteurs y trouveront les deux œuvres du street-artiste, deux fresques de 5 mètres sur 2,5 mètres qui sont une ode à la Bretagne, l'une est une ronde dansée autour du Gwen ha du, l'autre est une représentation de la liberté guidant la Bretagne.
Un autre peintre est attendu ces jour-ci, et les travaux de réhabilitation du CARGO ont repris sous la direction du maitre d'ouvrage Alain Perez (Gérant de Bretagne immobilier). Le propriétaire des lieux et mécène du projet est Hervé Brazo, un ostréiculteur qui envisage aussi d'y aménager un bar à huitres. Une salle sera consacrée très prochainement à une expo photos sur les élèves de l'ancienne école de pêche, tous devenus des pêcheurs professionnels. Un set du DJ australien Tom Broker est annoncé pour le 20 août. Qu'on se le dise.