L'épidémie de Covid et les mesures sanitaires forcent les organisateurs de festivals de BD bretons à revoir leur édition 2020. Entre annulation, report, baisse du nombre d'auteurs et animations alternatives, comment chacun s'organise ? On fait le point.
Les Bretons amateurs de bandes dessinées pourront-ils assouvir leur soif de découvertes, de rencontres et de lectures lors des festivals dédiés au "neuvième art" dans la Région cette année ? La question n'est pas facile à trancher. Mais une chose est sûre : la cuvée 2020 sera moins riche que les éditions précédentes, la faute à l'épidémie de Covid.
Le contexte sanitaire a en effet obligé certains festivals comme Lok'en Bulles de Locmariaquer à annuler son édition 2020, initialement prévue les 19 et 20 septembre. "Nous essayerons malgré tout de programmer tout un ensemble de mini manifestations de sorte à conserver notre volonté de promouvoir la culture au travers de la bande dessinée, au travers des artistes du 9ème art privés de vitrines d’exposition depuis le 1er mars de cette année" rassurent les organisateurs sur leur site internet.
Nous avons estimé qu'il valait mieux adopter une attitude de prudence
Quai des Bulles, une organisation trop retardée
L'épidémie de Covid a également été un coup dur pour le festival Quai des Bulles de Saint-Malo, qui attire habituellement 45 000 visiteurs sur trois jours. A quatre mois de l'édition des 40 ans (prévu les 23, 24 et 25 octobre 2020), la décision d'un report a été privilégiée.
Nous avons souhaité y croire jusqu’au bout, mais l’incertitude de la situation du pays en octobre prochain nous a poussés à reporter la 40ème édition en 2021. (2/5)
— Quai des Bulles (@QuaidesBulles) June 23, 2020
"Notre événement nécessite une préparation de nombreux mois à l'avance. Le temps du confinement a considérablement retardé notre organisation. Après une réunion il y a deux semaines, nous avons estimé qu'on manquait de temps pour mettre en oeuvre un festival de qualité et, qu'au vu des conditions sanitaires actuelles, il valait mieux adopter une attitude de prudence" développe Florian Aubin, directeur opérationnel de l'association Quai des Bulles.
La décision a été prise en cette fin juin, période durant laquelle des investissements sont habituellement effectués pour la préparation du festival. "Nous avons préféré tranché maintenant avant d'investir, plutôt que potentiellement tout annuler à la dernière minute. Pour maîtriser nos coûts et construire un projet alternatif cohérent qui plaira au public" détaille Florian Aubin.
Des expositions et rencontres malgré tout
Car si le festival Quai des Bulles n'est pas maintenu, des rencontres et des expositions devraient néanmoins réconforter les amateurs de BD à Saint-Malo à l'automne. Voire même durant l'hiver. "Nous voulons proposer des animations entre septembre jusqu'à avril, avec l'idée d'attirer entre 100 et 250 personnes par jour sur le long terme, plutôt que 45 000 sur trois jours" indique Florian Aubin. Un moyen de faciliter le respect des mesures sanitaires, surtout pour les animations se déroulant dans les lieux culturels fermés de Saint-Malo.
Dans le détail, les organisateurs espèrent "mettre en place des expositions longues comme ce que nous avons fait avec Spirou en 2018. Mais aussi organiser des temps de rencontres avec des auteurs pour le grand public, mais aussi pour des scolaires ou des détenus. Même si 70% des projets d'expos sont reportés à 2021, nous aurons donc de quoi satisfaire le public. Le programme se précisera en juillet".
"Tout le monde était favorable au maintien"
Autre festival du "neuvième art" programmé en Ille-et-Vilaine, "BD à Bédée" a adopté une toute autre posture. Le festival se tiendra presque comme à la normale, le 20 septembre prochain. Seule exception, un nombre réduit d'auteurs et d'autrices : "30 à 35 au lieu de 50 habituellement" précise Sylvie Poizat, coordinatrice de l'événement.
"C'est moins compliqué pour nous parce que nous sommes un plus petit festival, avec 1 500 à 2 000 visiteurs", assure-t-elle. "Donc nous n'avons pas de grosses machines à mettre en route, nous sommes en relation direct avec les auteurs et non les éditeurs. Et nous avons l'assurance d'avoir toutes nos subventions même si le festival est annulé".
Vous l'attendiez, nous vous l'avions annoncé, la nouvelle affiche du festival #preenbulles en exclusivité !! Un grand merci à Laurent Lefeuvre pour cette superbe création sur le thème de l'édition 2020 "nos futurs". Je ne sais pas vous, mais nous elle nous plaît beaucoup??? pic.twitter.com/QvxiYrcXyI
— Pré en Bulles Bédée (@Pre_en_Bulles) January 9, 2020
Si la question d'un report ou d'une annulation a été posée sur la table lors d'une réunion post-déconfinement entre les organisateurs, partenaires, bénévoles et libraires, les débats n'ont pas duré longtemps. "Tout le monde était favorable au maintien. Les auteurs ont répondu présent et sont heureux de venir. Donc on espère bien faire vivre le festival et dans de bonnes conditions, avec des mesures sanitaires pour la sécurité de tous" indique Sylvie Poizat, qui ne reste pas moins attentive à la situation sanitaire : "nous nous réuniront encore fin août pour faire le point sur l'évolution des consignes sanitaires et s'assurer que tout est possible. On mise sur un retour rapide à la normale".
Les Rencontres Brestoises de la BD s'engagent pour les auteurs
Dans le Finistère aussi, la bande dessinée devrait être à l'honneur fin septembre lors des Rencontres Bretoises de la BD. Malgré la crise sanitaire, les organisateurs ont eu, auprès de la ville Brest et des Ateliers des Capucins, "l'assurance que le festival pouvait se tenir dans de bonnes conditions", relate Malo Durand, président de l'association Brest en Bulle qui organise l'événement. Au programme : des projections de film d'animation, des ateliers sérigraphies, des expositions dont la "BD 2020", exposition qui s'inscrit dans le cadre de "l'année 2020 dédiée à la bande dessinée" voulue par le ministère de la Culture.
Tous les auteurs seront défrayés mais aussi rémunérés
Mais pour cette édition 2020, dont la préparation a été retardée par le Covid, "on a dû réduire la voilure en termes d'auteurs. On a divisé par deux, en passant de 60 à environ 30 auteurs. La majorité d'entre-eux viendront de la région. Même s'il y a quelques exceptions comme Christian Cailleaux, qui nous a fait l'affiche" détaille Malo Durand, qui assure que "tous les auteurs seront défrayés mais aussi rémunérés, pour montrer qu'on soutient leurs revendications mises en lumière lors du festival d'Angoulême".
Si les organisateurs des Rencontres Brestoises sont "sur le point de rattraper le retard dû à l'épidémie", les mesures sanitaires qui seront appliquées lors de l'événement doivent encore être établies.
"On réfléchit à des configurations pour la petite scène pour que les gens ne soient pas trop proches, des marquages au sol et des dispositifs pour éviter les rassemblements trop importants à certains endroits, indique Malo Durand. Nous sommes fréquemment en contact avec les Ateliers des Capucins et la ville pour suivre l'évolution de la situation sanitaire. On espère juste qu'il n'y aura pas de mesures draconiennes, comme des dédicaces avec des masques et des gants".