Il existe une vingtaine de producteurs de lait de jument en France, mais la Jumenterie de Cornouailles est la seule installée en Bretagne. Le produit très tendance, bien plus cher que le lait de vache mais particulièrement recherché pour ses propriétés nutritionnelles.
Elle travaillait dans les assurances, lui était ambulancier. En 2018, Laura Salaün et Olivier Briand ont tout plaqué pour reprendre la ferme familiale à Briec-de-l'Odet dans le Finistère.
Ils ne s'imaginaient pourtant pas travailler auprès des vaches. L'élevage laitier devint alors la jumenterie de Cornouailles. L'une des rares en France, du moins la seule en Bretagne.
Entre 15 et 20 litres par jour
Tous les matins à 9 heures, excepté le dimanche, l'heure de la traite s'impose pour les 9 juments de l'élevage. S'impose, ou presque. Ce matin-là, Cadette n'est pas d'humeur à partager.
On ne peut pas contraindre une jument à donner son lait
"Je branche, mais rien ne vient. Elle n’a pas envie donc elle bloque", commente Laura Salaün. "On ne peut pas contraindre une jument à donner son lait. La vache, on lui enlève son petit. Elle n’a pas le choix elle va lâcher. La jument sait qu'elle va ressortir ensuite et que son petit va boire."
Les juments mettent bas à la même période, généralement au mois de mars. La traite ne démarre que deux mois après la naissance et s'étale entre mai et septembre. Le couple prélève 2 litres de lait, sur les 25 produits par la jument. Soit 15 à 20 litres par jour, suffisamment pour poursuivre l'activité en hiver.
Un lait aux multiples vertus
Le lait de jument est très tendance, réputé pour ses bienfaits nutritionnels. Dans la jumenterie de Cornouailles, il est filtré puis surgelé à moins 25 degrés. Légèrement sucré, il a la réputation de booster les défenses immunitaires et se consomme cru.
"C'est très différent des autres laits car la jument n’est pas ruminante. Elle est monogastrique comme nous, son système digestif est semblable au nôtre. Donc il est plus facilement assimilable par notre organisme que les autres laits de ruminants qui sont plus gras, plus lourd, et moins digestes pour nous", développe Laura Salaün.
On lui confère aussi des vertus dermatologiques. Le couple transforme une partie de la production en savons et en cosmétiques, directement à la ferme.
Fils et petit-fils d'agriculteur, Olivier Briand avait à cœur d'être indépendant. "Mes parents vendaient leur lait à la laiterie, et on a choisi de le travailler qu'en circuit court, de faire nos propres produits. Ça nous permet aussi de déterminer notre prix", explique-t-il.
Le coût de production est aussi plus cher, étant donné qu'on ne prend que deux litres à la jument, quand elle veut bien.
Ici, le lait de jument est vendu à 20 euros le litre, bien plus cher que le lait de vache. "Le coût de production est aussi plus cher, étant donné qu'on ne prend que deux litres à la jument, quand elle veut bien", rappelle l'agriculteur.
Une race menacée
Installés au vert avec leurs enfants, les deux agriculteurs n'ont aucun regret sur leur reconversion. "C’est du bonheur quotidien", sourit Laura Salaün. "C’est sûr, le fait d’être agriculteur, c’est des contraintes parce que c'est un travail 24 heures sur 24 et il n'y pas de vacances. Mais ça en vaut la peine."
D'autant qu'avec leur trentaine de chevaux de trait breton, ils participent "à la sauvegarde de la race, considérée comme menacée", souligne Olivier Briand.
Une production qui vaut le coup d'œil. Jusqu'à la fin septembre, la famille accueille le public gratuitement pour assister à la traite et visiter l'élevage, chaque samedi matin.