Lancé au début de ce mois d'août, le projet scientifique Chereef va permettre de cartographier et observer pendant les cinq années à venir le récif corallien du canyon de Lampaul. Un écosystème méconnu situé à 1 000m sous la mer, au large des côtes bretonnes.
Créatures des abysses quasiment inaccessibles, les coraux d'eau froide sont bien moins connus que leurs homologues tropicaux vivant en surface. Tout comme eux, ils sont fragiles, indispensables, et menacés.
Des structures "clé de voûte" en danger
Abyssales ou tropicales, ces colonies animales que sont les récifs coralliens abritent le quart des espèces vivantes dans les océans. Refuges, zones de reproduction, de nurserie et de nutrition pour de nombreux poissons, les coraux sont ce que les scientifiques appellent des structures "clé de voûte" : ils permettent de maintenir l'équilibre d'un écosystème.
Des structures majeures mises en péril par les conséquences des activités humaines : acidification des océans, réchauffement climatique et pollutions. « Les explorations que nous menons depuis les années 2 000 confirment que ces coraux sont menacés, souligne Lénaïck Menot, chercheur au laboratoire Environnement profond de l’Ifremer et chef de la mission Chereef. Nos vidéos du fond révèlent l’existence de nombreux habitats coralliens, mais plutôt sous forme de bouquets dispersés. On est loin des grands massifs décrits par les naturalistes au milieu du XXe siècle. »
Un observatoire à mille mètres sous les mers
Au large de notre côte Atlantique française, la centaine de canyons sous-marins qui entaille la pente continentale offre les conditions propices au développement des coraux d’eau froide.
Afin de mieux les connaître et les protéger, un observatoire va être installé cet été dans un canyon sous-marin au large de la Bretagne, à 1 000 mètres de profondeur. La première mission en mer du projet Chereef (Characterization and ecology of cold-water coral reefs) est partie de Brest ce mercredi 4 août 2021.
Embarqués à bord du navire océanographiqueThalassa et grâce au robot d'exploration Ariane, capable de plonger jusqu’à 2500 m de fond, les chercheurs vont "cartographier à très haute résolution le canyon de Lampaul situé au large de la Bretagne, réaliser des expériences et des prélèvements in situ et y installer un observatoire fond de mer, à 1 000 m de profondeur. Le dispositif permettra notamment de filmer 15 minutes par jour pendant 5 ans un récif de coraux et d’étudier le comportement des polypes mais aussi de la faune associée au récif." explique Julie Tourolle, ingénieure de recherche au laboratoire Environnement profond de l’Ifremer et également chef de la mission Chereef.
[#ChEReef 1/5] Dans le cadre du projet européen #LifeMarha, l’Ifremer étudie les habitats de #Coraux d’eau froide du golfe de Gascogne pour comprendre la distribution de ces récifs coralliens à l’échelle d’un canyon.
— Ifremer (@Ifremer_fr) August 7, 2020
C'est le projet #ChEReef. pic.twitter.com/oejjiBSRGH
Des plongées offertes aux visiteurs d'Océanopolis
Jusqu'au 20 août, les visiteurs du centre national de culture scientifique dédié à l’océan brestois Océanopolis pourront assister aux plongées du robot Ariane, et questionner en direct les chercheurs embarqués sur le Thalassa.
La plongée du 20 août, de 9h à 17h, sera également retransmise en direct sur la chaîne YouTube de l’Ifremer.
La sensibilisation du grand public aux conséquences néfastes des activités humaines sur ces milieux méconnus accompagne et complète ce programme de recherche.
Les microplastiques par exemple, pollution invisible et meurtrière, descendent jusque dans les profondeurs abyssales et épuisent les coraux qui les absorbent puis les rejettent.