Comme une vingtaine de salles en France, le cinéma d'art et essai Le Bretagne, à Saint-Renan dans le Finistère, a accueilli ce dimanche 14 mars des spectateurs avides d'évasion le temps de deux séances, très encadrées.
"Le cinéma sur son canapé c'est bien, mais dans une salle c'est une toute autre expérience", se réjouit Lucille Quenhervé, peu avant d'assister à la première projection de la journée dans ce cinéma où elle a ses habitudes.
Et le programmateur de cette structure associative dédiée aux films d'art et essai, Maxime Iffour, confirme le caractère "indispensable" de l'expérience partagée en salle : "On est un cinéma de quartier dans une petite ville de moins de 10 000 habitants, on a un public de fidèles, d'habitués. La séance du vendredi après-midi, plutôt dédiée aux seniors, il y a des gens qui y viennent chaque semaine. Les priver de ça, du jour au lendemain, c'est très dur."
"Ça me manque beaucoup le cinéma, je comprends qu'il y ait des choix qui doivent être faits mais je trouve difficile que les salles de cinéma, où on ne bouge pas, où il n'y a pas de brassage, soient fermées", poursuit une heureuse spectatrice de ce dimanche, médecin de profession, venue voir "Il mio corpo", un film de Michele Pennetta qui met en parallèle la vie en Sicile de deux frères rêvant d'un autre destin, et celle de deux jeunes migrants partageant les mêmes espoirs d'une vie meilleure.
244 jours de fermeture
"Ce week-end, cela fera un an que toutes les salles de cinéma ont fermé leurs portes pour la première fois et ont, depuis, cumulé 244 jours de fermeture", annonce aux spectateurs avant la projection Céline Michell, présidente de l'association Le Bretagne. "Parce que nous croyons à notre mission d'intérêt général, nous faisons le choix de vous ouvrir nos portes", poursuit-elle, avant d'être applaudie par le public masqué et séparé d'au moins deux sièges entre chaque groupe.
Avec ces deux séances exceptionnelles, le cinéma Le Bretagne a répondu, comme une vingtaine d'autres en France, à un appel national pour protester contre la fermeture des salles, lancé par le Groupement national des cinémas de recherche (GNCR) et l'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid).
Des projections "tests", professionnelles et gratuites, accessibles uniquement sur inscription préalable, et suivies pour les spectateurs d'un questionnaire à remplir, censé permettre aux distributeurs de préparer la sortie des films. L'idée étant d'éviter les ennuis et de rester dans un cadre légal, car seules les séances professionnelles sont autorisées.
Un acte militant
"C'est un acte un peu militant, pour montrer qu'on est capable d'accueillir des personnes de manière sécurisée, de la même façon qu'un magasin", souligne Maxime Iffour. "Les spectateurs sont vraiment ravis, et nous poussent à recommencer !"
Une action, qui vient s'ajouter aux multiples opérations menées par les acteurs de la culture pour demander la réouverture des lieux de spectacle.