Dans le creux de l'Aber Wrac'h sur la côte nord du Finstère, les travaux de rénovation du mythique bateau du père Jaouen, redémarrent après deux mois d'arrêt. Une vingtaine de jeunes de France, d'Allemagne et de Belgique, sont sur le pont.
"C'est un gros boulot": niché au creux d'une anse de l'Aber Wrac'h, dans le nord-Finistère, le petit chantier d'insertion du Moulin de l'Enfer vient de reprendre. Après deux mois d'arrêt, la restauration du Bel Espoir, le mythique trois mâts du père Jaouen redémarre.
"Actuellement, une grosse partie de notre travail consiste à rénover le Bel Espoir", explique Ziton, le responsable du chantier, à l'AFP. Il est le neveu de Michel Jaouen, décédé en 2016 à l'âge de 95 ans après avoir consacré près 60 ans de sa vie à réinsérer, via la navigation, des jeunes en errance.
"On a changé la coque, remonté le gréement, fait l'hélice, presque remonté le pavois, on fait les roufles, la passerelle", assure le chef d'orchestre du chantier naval.
Une quinzaine de bateaux à remettre à flot
Une vingtaine d'apprentis venant de toute la France, mais aussi de Belgique et d'Allemagne, participent pendant six mois à un an à l'entretien et à la remise en état de la quinzaine de bateaux de l'association des Amis du Jeudi Dimanche (AJD) créée par le "curé des mers" pour venir en aide aux jeunes en rupture avec la société. Parmi ces bateaux : les goélettes Bel Espoir (classée au titre des monuments historiques) et Rara Avis, qui ont embarqué des milliers de jeunes sur toutes les mers du globe.
Construit en 1944 et achetée en 1968 par l'AJD, le Bel Espoir se trouvait pour de gros travaux d'entretien au chantier de l'Aber Wrac'h lorsqu'un orage l'a couché. Pour des raisons budgétaires, il a été décidé de construire une nouvelle coque en acier, sur laquelle le plus d'éléments possible de l'ancienne seraient installés (comme le gréement, le moteur, les ancres ou encore les chaînes).
Des jeunes qui reprennent pied
Magali Jacquemart, 21 ans, a entendu parler du chantier à un moment où elle était "un peu perdue" :
C'est un bateau bien mythique, il a une belle histoire derrière lui
"Il s'agit de leur faire découvrir tous les métiers qui touchent aux bateaux, assure le responsable du site. L'objectif c'est de mélanger une population très diverse et un bateau c'est trop bien pour ça".
Gildas Morvan, venu en voisin voir l'avancement du chantier s'amuse : "Sur un bateau on ne peut pas s'échapper, on ne peut pas allaer bouder dans son coin". "Tout ce que j'ai fait dans ma vie a découlé de la période que j'ai passé à bord du Bel Espoir", se remémore Christian Marinacci, un des bénévoles de l'AJD. "Tu embarquais, tu fermais ta gueule, tu ne faisais pas trop de conneries pour pas te faire attraper et puis tu faisais partie de l'équipage!" sourit-il.
Au milieu d'une luxuriante végétation, seuls les coups sourds d'un marteau résonnant le long de la coque en acier du nouveau Bel Espoir brisent la quiétude de l'anse, où la goélette de 37 mètres va poursuivre pendant encore un an et demi sa cure de jouvence avant de poursuivre l'aventure humaine et solidaire initiée par le père Jaouen.