La saison de nidification des gravelots à collier interrompu a débuté. Bretagne Vivante invite les promeneurs à faire attention à l’endroit où ils mettent leurs pieds. Les œufs de ses petits limicoles sont pondus à même la plage et l’oiseau est inscrit sur la liste rouge des espèces menacées et considéré comme vulnérable.
Dame nature fait souvent très bien les choses : pour protéger les œufs des gravelots à collier interrompu de leurs prédateurs, elle les a imaginés couleur sable, moucheté comme des galets. Résultat, ils échappent parfois à l’appétit des corneilles, mais pas toujours aux pas des promeneurs sur les plages.
Sur la plage de Kerbinigou, à Tréogat dans le Finistère, David Hemery, coordinateur régional de suivi du gravelot à collier interrompu à l’association Bretagne Vivante, montre du doigt les minuscules œufs de gravelot dissimulés dans les galets. "Si le nid est tout seul dans le cordon de cailloux, il est quasi impossible de le voir", reconnait-il.
Une espèce en danger
En 2022, 225 couples de gravelots ont été recensés en Bretagne. Un chiffre qui se stabilise après des années de baisse, mais les effectifs restent insuffisants pour le renouvellement de l’espèce.
L’oiseau est inscrit sur la liste rouge des espèces menacées et considéré comme vulnérable. Aujourd’hui, seuls 20% des pontes arrivent à éclosion et 65% des poussins atteignent l’âge adulte.
Sur la plage, là où des œufs ont été repérés, Bretagne Vivante installe des petites cages métalliques. Les grillages laissent évidemment passer les parents gravelots mais empêchent le bec des corneilles de toucher aux œufs ou aux petits.
Zone de tranquillité
Autour des cages, un balisage est mis en place pour inviter les promeneurs à passer au large. "C’est une zone de tranquillité pour les oiseaux, elle est donc totalement interdite", précise David Hemery. "Les gravelots sont comme les humains, il y en a des craintifs, d’autres moins. Certains vont rester couver, même si l’on s’approche à moins de 10 mètres, d’autres s’envoleront, si on passe à une centaine de mètres. Les chiens qui gambadent en liberté, un cerf-volant dans le ciel que les petits limicoles risquent de confondre avec un rapace, peuvent également les effrayer. Et si celui qui couve s’enfuit, le danger, explique le coordinateur de suivi de l’espèce, c’est que par une journée un peu fraiche, où il y a du brouillard, les œufs se refroidissent."
Les gravelots, comme les autres oiseaux, nichent souvent en haut de plage, là où la mer n’est pas susceptible de détruire leurs nids. Entre avril et août, période où les oiseaux couvent, il est ainsi toujours préférable de marcher au bord de l’eau.
"Quand un oiseau fuit devant nous en poussant des cris ou en mimant une blessure, indique David Hemery, c’est qu’il y a des œufs ou des poussins, il faut donc détourner son chemin, aller vers l’eau, voire suivre l’oiseau parce qu’il va nous envoyer à l’opposé de son nid dans un endroit où on ne risque pas de faire une catastrophe."
La plage n’est pas qu’un terrain de jeu
"Il faut faire attention, rappelle David Hemery, la plage n’est pas seulement un terrain de jeux pour les humains et leurs chiens. C’est un lieu de vie qui grouille, il y a les gravelots, mais aussi tout un tas d’invertébrés, des escargots, des plantes. Ce n’est pas à la plage de s’adapter à nous, c’est à nous d’y prendre garde. "
(avec Quentin Cézard)