VIDÉO : La coquille Saint-Jacques, un outil précieux pour étudier les effets du changement climatique

Écoutez bien... Nos océans nous parlent... Et ils nous implorent de leur laisser un peu de répit. Laurent Chauvaud, écologue et plongeur scientifique au CNRS de Brest, utilise l’acoustique sous-marine pour mettre en évidence l’impact des activités humaines sur les écosystèmes marins du monde entier. Il a observé puis écouté la coquille Saint-Jacques afin de comprendre comment fonctionne l’océan. Nos océans sont à l’agonie, il nous faut agir dès maintenant !

L’histoire de Laurent Chauvaud est intimement liée à la coquille Saint-Jacques. Depuis plus de 30 ans, ce scientifique a observé puis écouté la coquille Saint-Jacques afin de comprendre comment fonctionnait l’océan. La coquille est devenue un outil précieux, un indicateur, pour étudier les effets du changement climatique sur les océans.

Au commencement, il y avait la coquille Saint-Jacques

Laurent Chauvaud est écologue et plongeur scientifique au CNRS de Brest. La rade de Brest possède un écosystème exceptionnel et la coquille Saint-Jacques en fait partie. Pour les Brestois, c’est culturel, ils veulent manger de la coquille de la rade, elle appartient à la culture bretonne.

À L’UBO de Brest, des professeurs emblématiques avaient déjà commencé un travail important sur la coquille. Laurent Chauvaud et son équipe décident alors de prendre le relais. Ils veulent comprendre comment le stock de coquille est passé d’abondant à ridicule. Ils vont tout d’abord commencer par s’intéresser à la croissance de la coquille Saint-Jacques.

Chaque hiver, la coquille fabrique une marque. C’est ce qui permet, comme les cernes des arbres, de déterminer son âge. Et comme Laurent Chauvaud aime regarder là où personne ne regarde, en août 1995, il découvre qu’entre deux marques hivernales, la coquille fabrique des petites vagues, des stries, chaque jour.

Tout bascule à ce moment-là. 

La coquille Saint-Jacques devient magique

Laurent Chauvaud peut alors mesurer la croissance journalière de la coquille. Le temps se déroule à l’échelle de la journée et non plus de l’année. La coquille utilise son squelette comme un calendrier. Et ces recherches n’ont pas encore tout révélé.

Dix ans de recherches plus tard, ils se rendent compte qu’ils peuvent « rentrer » dans le squelette, de la coquille. À l’intérieur de ce squelette, se trouve une multitude d’informations concentrées qui renseigne sur l’environnement, la température de l’eau, la salinité de l’eau, la présence de nourriture, la vitesse de la rotation de la terre… Tout cela est enregistré à l’échelle du jour dans ces stries qui deviennent alors des archives environnementales.

La coquille Saint-Jacques est devenue un thermomètre enregistreur.

Cette connaissance, ils vont l’exporter dans d’autres pays et les comparer, les mettre dans d’autres écosystèmes et utiliser ces résultats.

La coquille Saint-Jacques est devenue une bibliothèque et un enregistreur des variations de l’environnement, à Brest, en Arctique et Antarctique…

Laurent Chauvaud

Et l’histoire ne s’arrête pas là…

Le souffle de la coquille Saint-Jacques

Laurent Chauvaud va pousser son étude encore plus loin. Il cherche à comprendre pourquoi la coquille fabrique une strie par jour et surtout à quel moment de la journée elle la fabrique.

Pour cela, les scientifiques vont encore l’observer, la filmer, lui coller des capteurs sur le dos, mais tout cela reste intrusif pour la coquille. Leur vient alors une idée :

« Si elle bouge, se déplace, peut-être émet-elle un bruit ».

Ils se rendent compte que dans leur travail de recherche, ils ont oublié le son et la propagation de celui-ci. Ils vont alors poser des micros sous la mer, des hydrophones afin de l’écouter sans la perturber. Et là, ils découvrent « le souffle de la coquille », c’est ce bruit qu’elle fait lorsqu’elle se ferme et nage.

Mais ils vont entendre également la pluie, les vagues, tout un paysage sonore, et notamment la possibilité pour des invertébrés et mammifères marins de communiquer et d’utiliser ces sons. Vient de naître l’écologie acoustique.

L’urgence climatique est là

Un nouveau terrain de découvertes vient de s’ouvrir à eux. Qu’est-ce qu’entend la coquille ? Est-ce qu’on la perturbe avec nos bruits humains, comme le passage de bateaux, des éoliennes off-shore, le dragage…

Comme d’habitude, ils ont commencé ce travail à l’échelle de la Bretagne et une fois les connaissances acquises, ils ont exporté cette idée « d’écouter l’arctique en train de fondre ».

Le constat de ces études est accablant.

On roule à 200Km/h, le mur est là à un mètre et on va prendre le mur en pleine face !  

Laurent Chauvaud

L’Arctique est en train de fondre, les écosystèmes côtiers ont déjà vécu un bouleversement incroyable, qui va se poursuivre sur les décennies à venir.

La communauté scientifique annonce les changements climatiques depuis les années 70 et on est en 2023.

« Il aura fallu 50 ans pour que Le GIEC réussisse à persuader les décideurs et la population que l’on a affaire à un problème planétaire ».

Mariage Arts et Sciences

Laurent Chauvaud est conscient que les scientifiques s’expriment mal, ne sont pas assez percutants. Lui vient alors l’idée de confier sa matière sonore à des artistes qui seront moins anxiogènes, mais plus sensibles et plus dans l’émotion qu’un scientifique, afin qu’ils deviennent les hauts-parleurs de l’urgence climatique.

Ce mariage entre les arts et la science se concrétise par l'utilisation d’une chanson, d’un morceau de musique, d’un tableau ou encore d’une photo, pour affirmer une vérité scientifique.

Ainsi nait à Brest le projet Sonars dont François Joncour, musicien, compositeur et interprète, fait partie. À son contact, les chiffres deviennent des notes, les études des partitions et les publications des émotions. Marine a plongé dans cette expérience où Arts et Sciences se subliment pour nous faire entendre la beauté de la catastrophe en cours...

 

 

Confier les résultats scientifiques, l’avenir de notre environnement à des artistes pour « intéresser » nos contemporains à l’avenir de notre planète et de l’océan, c'est déjà une étape énorme

Laurent Chauvaud

L'entretien de Laurent Chauvaud a été fait par Christian Roche au moment du tournage.

Si vous voulez en savoir plus sur la coquille Saint-Jacques, Laurent Chauvaud a écrit "La coquille Saint-Jacques sentinelle de l'océan".  Ce livre est étonnant, instructif et écologique. Il nous présente la coquille comme une véritable sentinelle du milieu marin et du réchauffement climatique. 

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