Comment faire respecter le protocole sanitaire à leur clientèle ? Les bars de Douarnenez sont confrontés à cette difficile équation, après avoir reçu des avertissements de la gendarmerie le week-end dernier.
"Que les règles soient claires et que l'on nous dise ce que l'on a le droit de faire ou pas !". Monia Le Bihan, dont le bar a pignon sur rue à Douarnenez dans le Finistère, ne comprend pas pourquoi les gendarmes sont venus la verbaliser, vendredi soir dernier, alors qu'elle pensait "être en règle". "Ils sont arrivés, vers minuit, se sont mis à l'entrée et m'ont dit que rien n'était en règle". Monia détaille les mesures sanitaires qu'elle a mises en place dans son bistrot : gel hydroalcoolique à disposition des clients, tables espacées d'un mètre, tabourets au comptoir à bonne distance eux aussi.
"On fait des efforts et on est mis en demeure"
Seulement, pour cette réouverture, après deux mois et demi de confinement, la clientèle afflue dans les cafés et restaurants de la ville. Faire respecter ce protocole sanitaire est un véritable casse-tête pour les bistrotiers. "En journée, ça passe. Mais le week-end, on passerait notre temps à faire le gendarme à l'extérieur et on n'a pas que ça à faire" dit Monia dont le café dispose d'une toute petite terrasse et de sept tables à l'intérieur. "Les gens sortaient pour la première fois, ils étaient là pour se retrouver et faire la fête. En tout cas, avec cet avertissement, au moindre écart, je risque la fermeture administrative".
Cor Hameleels a lui aussi reçu la visite des gendarmes. "Des gens étaient debout, sur la voie publique, devant le restaurant, raconte le patron de "Chez Jeanine. Ils se connaissaient et sont restés pour parler". En terrasse, cinq tables, pas une de plus, et des clients qui terminent de dîner. "Je suis fâché, confie le restaurateur. On essaie de respecter ce protocole sanitaire de 23 pages le plus possible, on fait le gendarme nous-mêmes car les gens viennent sans masque et on leur rappelle que c'est obligatoire. On fait des efforts et on est mis en demeure".
Concertation
Bistrotiers, police municipale et gendarmes se sont donc retrouvés autour d'une table à la mairie. "On sort du confinement, tout le monde est tendu, souligne Cécile Couloch, la patronne des "Filets Bleus". C'était important de se parler pour avoir une lecture commune du protocole sanitaire".
Une campagne d'affichage est en cours pour rappeler aux clients les règles à respecter (port du masque obligatoire à l'intérieur des cafés et restaurants, lavage des mains en arrivant, pas de position debout au comptoir). "On a aussi décidé de se concerter entre nous pour fermer plus tôt si on sent que ça part en vrille. On va s'épauler et si l'un de nous décide de fermer parce qu'il y a trop de monde devant son café, on fera tous pareil".
Dans un communiqué, la préfecture du Finistère indique que "des infractions ont été constatées dans une douzaine d’établissements, qui ont chacun reçu une mise en demeure de se conformer à la réglementation. Cette mise en demeure est préalable à une fermeture administrative si l’exploitant ne s’organise pas en ce sens".