Ils ont pêché 15 tonnes d'anchois en une nuit, à défaut de trouver des sardines. Une compensation bienvenue pour les bolincheurs de Saint Guénolé. Ils sont inquiets car c'est une mauvaise saison pour la sardine. En 2024, les volumes ont diminué d'un tiers par rapport à la même période l'an dernier. Les bolincheurs, pêcheurs de poissons bleus, en général compensent avec l'anchois, mais sans garantie pour l'avenir.
Alors que la sardine joue l’arlésienne sans explication, l’anchois, plutot mieux payé, a fait le bonheur des bolincheurs la nuit de lundi à mardi. A l’image du Steredenn Ar Moor qui, attiré par la bonne affaire, a changé de cap au petit matin et fait route vers la baie d’Audierne pour capturer 15 tonnes d’anchois : "On a fait notre début de nuit à Douarnenez, mais comme on n'a pas trouvé de sardines, on est venus ici chercher de l'anchois", témoigne Ludo Garrec, second du Stereden Ar Moor.
Une pêche miraculeuse pour les neuf bolincheurs qui ont débarqué ce matin : 140 tonnes d’anchois destinés principalement aux conserveries. Une bouffée d’oxygène pour les équipages qui peinent à trouver de la sardine, et pour le port de Saint-Guénolé qui, depuis le debut d’année, enregistre une chute vertigineuse des apports : "Sur la bolinche, c'est à dire les poissons bleus, principalement anchois et sardines, on est à -70% par rapport à la même période l'an dernier", alerte Mikaël Le Coz, directeur de la criée de St Guénolé Penmarc'h.
Situation inégale selon les criées
La situation est inégale selon les criées. A l’échelle de la Bretagne, la baisse est d’un gros tiers. 2.000 tonnes de sardines en moins, et pour l’anchois c’est pire : 300 tonnes seulement entre janvier et août, contre 2.200 tonnes l’an dernier ! De quoi alarmer la flotille des bolincheurs. Sur les 27 licences, ils ne sont plus que 20 en activité : "C'est l'inquiétude pour toute la filière de la bolinche. On se demande si cette année, qui est spéciale, ne va pas faire des dégâts au sein de la flotille. C'est à la fin de l'année qu'on verra exactement l'impact que tout ça va avoir", explique Yvan Le Lay, président de l'association des bolincheurs de Bretagne.
La question est dans toutes les têtes : s’il y a moins de poisson, faut-il diminuer le nombre de navires ? A demi-mots, certains évoquent l'éventualité d'un plan de sortie de flotte…