Les cabanes de pêcheurs, construites dans les années 60 sur les berges de la Rance, seront bientôt réhabilitées. C'est l'heureux épilogue de l'été pour les défenseurs de ce patrimoine local.
Ils ne se sont pas appelés "Les copines et les copains des carrelets de la Rance" par hasard. Le choix du nom de l'association en dit long sur l'esprit qui anime les 95 adhérents. "La convivialité avant tout" dit son président, Jean-François Rimasson. Comme à l'époque où familles et amis se rassemblaient dans les cabanes sur les berges du fleuve pour pêcher un peu mais surtout passer du bon temps.
Uniques en Bretagne
Les 17 petites constructions sur pilotis, installées sur les communes de La-Vicomté-sur-Rance et Saint-Samson-sur-Rance dans les Côtes-d'Armor, font aujourd'hui grise mine. Certaines sont plus abîmées que d'autres et ne tiennent presque plus debout. Elles trônent là, abandonnées, au grand dam de l'association qui, depuis sa création en 2022, s'est démenée pour les sauver. Et les efforts ont payé. "On a reçu le feu vert du ministère de la Transition écologique début août pour commencer les travaux de réhabilitation, se réjouit Alain Brombin, le maire de La-Vicomté, c'est merveilleux. C'est la première chose que l'on voit lorsque l'on passe l'écluse du Châtelier. Les laisser disparaître, ce n'était pas pensable".
Une première cabane va ainsi être retapée, à l'identique. "L'idée est de reconstruire comme il y a 60 ans, souligne Jean-François Rimasson. Avec un maximum de matériaux de récupération, du bois essentiellement, comme le châtaignier ou l'acacia".
Les cabanons restent emblématiques de ce que fut la pêche au carrelet, à savoir un filet sans appât mis à l'eau pour attraper du poisson. Ces constructions sur pilotis, reliées au rivage par une étroite passerelle, sont apparues sur la Rance dans les années 60. Elles sont uniques en Bretagne car on les trouve plus volontiers sur le littoral atlantique. "Les cabanes ont été bâties par des familles qui payaient une petite redevance pour occuper le domaine maritime, relate le président de l'association "Les copines et les copains des carrelets de la Rance". Nos grands-parents, nos parents ont pêché ici. Ces cabanes étaient des lieux de fêtes, de grands barbecues".
Entraide
Les souvenirs se bousculent dans la tête de Jean-François Rimasson. "La pêche, c'était une sortie à l'époque, dit-il. J'en ai passé des nuits dans ces cabanes". Il arrivait le soir, "après le boulot", attendant la marée haute. "On cassait la croûte avec les copains, on jouait aux cartes, le temps que l'eau soit à bonne hauteur pour pêcher".
Des histoires que lui et les bénévoles de l'association auront à cœur de faire revivre. "On veut recréer la même ambiance, sourit-il. Raconter ce patrimoine local qui fait partie de la vie des gens". Et c'est entre volontaires que le chantier de réhabilitation se déroulera. Dans le même esprit d'entraide qui a permis, voilà 60 ans, de poser ces petites bicoques en bois sur les rives de la Rance.
(Avec Antoine Calvez)