Poser le pied dans un trois-mâts et passer le goulet de Brest est un privilège accessible lors des Fêtes maritimes de Brest 2024 pour les visiteurs. C'est aussi une nécessité pour ces vieux gréements aux coûts d'entretiens importants. Embarquement à bord du Corentin avec un équipage de passionnés.
Ce vieux gréement ne passe pas inaperçu sur les quais de Brest. Le Corentin, un trois-mâts réplique d’un navire de travail du 19e siècle, séduit les visiteurs présents en nombre sur le port pour les Fêtes maritimes. À bord, pieds nus, Clotilde la capitaine du navire prépare la navigation. Son embarcation accueille 22 invités qui vont savourer la beauté d’une promenade en flottille ce mardi 16 juillet 2024.
Durant deux heures, des marins d’un jour vont découvrir la voile traditionnelle. Les cordages sont lourds, les mâts impressionnants. Pour les guider, Clotilde Montouroy est entourée de deux marins, Gwenaëlle et Alexandre. “Prenez l’écoute et attention à la faiseuse de veuve” lâche la jeune membre d’équipage dans un sourire. Gwenaëlle Deschamp, avec son tatouage de bateau pirate sur le mollet, a le geste précis et la poigne nécessaire pour dresser les voiles.
Alexandre Sanquer, suspendu sur le bout d’avant, prépare les voiles et anticipe les manœuvres.
Une virée à bord d'un trois-mâts
Voir cette publication sur Instagram
Un navire bien toilé
Il faut faire attention où mettre les pieds sur Le Corentin. Les poulies en bois sont aussi grosses que deux grandes pastèques. Et elles sont aussi belles que capables de faire passer par-dessus bord un malheureux matelot.
Il est 10h. “On prend le vent” souffle Clotilde. La voile de misaine hissée, l'équipage dresse ensuite quatre autres voiles. Bien toilé, Le Corentin prend de la vitesse. À chaque changement de bord, les volontaires sont heureux d’être mis à contribution. L’écume déride les invités intimidés, bien conscients de vivre un moment privilégié.
Embarquer des visiteurs pour résister
Ce Lougre de L’Odet a été construit pour les fêtes de Brest 2012. Un concours avait été lancé quatre ans plus tôt auprès des ports bretons. Tous se sont vus proposés de mettre à l’eau un navire. Le Recouvrance est celui construit par Brest, Le Corentin est celui de Quimper.
Avec sa voilure puissante, le navire est une réplique d’un bateau dédié au transport de marchandises. Aujourd’hui, Le Corentin ravi le public lors d’évènements maritimes ou lors de ses virées entre Concarneau et les îles des Glénans.
C’est un sacré budget de le louer à la journée. Et c’est ainsi que l’association propriétaire du bateau rentre dans ses frais. “J’ai dû le réserver il y a déjà 8 mois” assure Christophe Laperche de la société Spie. L’homme se fait plaisir et invite collègues et partenaires pour cette virée bien toilée. “Sans ces privatisations nous ne pourrions pas entretenir le bateau et les voiles” glisse Gwenaelle. Embarquée pour la saison d’avril à septembre, l’amoureuse de voile traditionnelle, savoure ces navigations sur les côtes bretonnes. “J’adore les fêtes maritimes, c’est l’occasion de voir les amis embarqués sur les autres navires” confie la Bretonne.
Le public séduit par les vieux gréements
Ces grandes réunions de passionnés de vieilles voiles sont un temps d’échange privilégié entre marins de tous horizons et un public émerveillé par ce patrimoine maritime. Clotilde, la main sur la longue barre en bois, reste dans l’allure du Thalassa, Twister, ou de La Recouvrance. Coque verte, jaune, blanche immaculée, Le Corentin comme ses vieux frères est en photos sous tous les angles et toutes les allures.
Voir cette publication sur Instagram
La rade de Brest ensoleillée offre un écrin idéal à cette escapade au goût d’un autre temps. Déjà midi. Les membres de l’équipage s’appliquent à ramener délicatement ce lourd bateau à quai. “6 mètres pour le bout d’avant, 4 mètres pour la coque”. Alexandre guide Clotilde. Le public se régale de la manœuvre.
Après les fêtes maritimes de Brest, Le Corentin sera à Douarnenez, puis retrouvera son port de Concarneau. Après les fêtes, Clotilde embarquera sur un autre Lougre tandis qu’Alexandre et Gwennaëlle continueront d’en prendre soin, jusqu’à ce que le vent les mène vers d’autres horizons.