Depuis plusieurs années, les étudiants hospitaliers du CHRU de Brest tentent d’alerter sur des gardes qui ne seraient pas payées. Ils ont adressé une lettre au directeur de l’établissement dénonçant, une nouvelle fois, la situation.
Pour les étudiants du CHRU de Brest, la coupe est pleine : “En moyenne, entre 8 et 12 gardes ne sont pas payées pour chaque étudiant”, confirme un élu de l’UFR médecine de Brest, qui préfère témoigner anonymement. Tous les étudiants, entre leur 4ème et 6ème année, seraient impactés par ces gardes non payées.
A Brest, les élèves alternent entre trois semaines de cours et trois semaines de stages, tout au long de l’année. Ils doivent, en plus, effectuer 25 gardes sur ces trois années. Ces dernières peuvent être effectuées de nuit ou le dimanche. Elles sont rémunérées 52 euros brut et 104 euros brut respectivement.
Quatre types de gardes ne seraient pas payées
Il existe environ dix types de gardes à Brest et, selon les élus, quatre d’entre elles ne seraient pas rémunérées : radiologie, urgences psychiatriques, réanimation chirurgicale et service d’accueil des urgences vitales.
D’après eux, c’est un problème qui dure depuis quelques années. “On a déjà eu des rendez-vous avec la direction, notamment l’année dernière. Ils n’ont pas vraiment d’excuse. Quand on leur demande, ils nous répondent ‘on verra plus tard’ ou ‘c’est comme ça’ ou ‘ce n’est pas notre priorité”, explique l'élu étudiant.
Une lettre envoyée à la Direction du CHRU de Brest
Ces gardes pourraient être "dans un certain nombre de cas, assimilées à une période de stage et rémunérées comme telle" : a répondu Bénédicte Simon, Directrice des Affaires Médicales au CHRU de Brest, au Télégramme, le 14 mai dernier.
Des propos que les étudiants n'acceptent pas. Au lendemain de la parution de l’article, un groupe de quatorze représentants d’étudiants hospitaliers du CHRU a adressé une lettre à Régis Coudon, le directeur général par intérim de l'établissement hospitalier.
Dans la lettre, ils demandent “de faire cesser cette pratique illégale et de budgétiser l’intégralité des lignes de gardes effectuées par les étudiants hospitaliers, en accord avec la réglementation en vigueur”.
Les élus étudiants interpellent le nouveau Directeur Général du @CHRU_Brest Mr @CondonRegis pour exiger la budgétisation des lignes de gardes impayées des #externes!#PayetaGarde https://t.co/qcfK4zl93B@ANEMF @fedebzh @UBO_UnivBrest @CEMBbrest pic.twitter.com/95wxzClAmO
— ElusUFRMédecineBrest (@ElusUFRMedBrest) May 16, 2020
Le CHRU de Brest percevrait une enveloppe versée annuellement par le Ministère en charge des Solidarités et de la Santé, allant de 2.871 à 5.485 euros, pour chaque élève. Une somme qui permettrait de couvrir la rémunération et l’ensemble des 25 gardes.
“Un étudiant hospitalier ne perçoit pas de rémunération sur environ 40% de gardes qu’il effectue durant ses études (…) Ceci équivaut, pour chaque étudiant hospitalier, à une économie d’environ 520 euros au bénéfice du CHRU, alors que celui-ci perçoit l’enveloppe servant à la rémunération de ces gardes”, peut-on lire dans la lettre.
Ces étudiants en médecine ont une rémunération mensuelle qui varie entre 129,60€ brut et 280,89€ brut en fonction de l’année d’étude.
Nous avons tenté de joindre la direction du CHRU de Brest. La directrice de ce week-end n’a pas pu répondre à nos questions, laissant le soin au directeur par intérim, Régis Coudon, de s'exprimer dans les jours à venir.
Selon un état des lieux des droits de l’étudiant hospitalier, publié par l’Association Nationale des Etudiants en Médecine de France (ANEMF) en octobre 2019, un CHU sur quatre (25,7%) ne rémunèrerait pas certaines gardes. Dans 20% des UFR, les gardes de 24h du dimanche et jours fériés ne seraient pas rémunérées 104€ comme cela est prévu réglementairement.