Brest: Marine Harvest a-t-il enfumé ses salariés?

Ils attendent depuis plus de 2 ans. Les 109 ex-salariés de Marine Harvest Kritsen ont saisi les prud'hommes en 2014. Mercredi leurs dossiers étaient examinés. Ils contestent la réalité du motif économique de leur licenciement. Ils s’estiment victimes d’une politique de dumping social.

Deux ans après leurs licenciements économiques, leurs dossiers vont enfin être examinés. Les 109 ex-salariés de l'usine de découpe de saumon sauvage, Marine Harvest Kritsen, à Poullaouen vont-ils obtenir justice comme ils l'entendent?
L'audience avait lieu mercredi 21 décembre, aux prud'hommes de Brest. Les salariés contestent la réalité du motif économique de leur licenciement. Ils s’estiment plutôt victimes d’une politique de dumping social de la part du numéro un mondial du saumon d'élevage.

Contestation du motif des licenciements

On se souvient de leur lutte pour garder leur usine ouverte. Blocages du site, manifestations d'ampleur, largement suivie par la population. Il est vrai que la transformation du saumon d'élevage avait prospéré dans les années 70-80 et donné du travail dans ce coin des Monts d’Arrée, bien au-delà du cercle de l’entreprise (écoles, commerces…).
Malgré toute cette mobilisation, le site de Poullaouen, qui employait 300 personnes, avait fermé en mai 2014.

La découpe et l'enfumage

Aujourd'hui, 109 anciens salariés contestent leur licenciement économique. Ils pointent du doigt les bénéfices importants réalisés à l’époque par le groupe Marine Harvest et soupçonnent ce même groupe d’avoir discrètement délocalisé sa production sur un autre site racheté à un concurrent polonais: Morpol.
Pour Roger Potin, l'avocat des anciens salariés de Marine Harvest Kritsen, cette manoeuvre porte un nom:

Nous sommes ici en présence de ce qu’on appelle des licenciements boursiers.

Et l'avocat des salariés précise: "C'est-à-dire qu’on est sur une délocalisation : nous avons une décision prise par le groupe  et non par Marine Harvest Kritsen, basée à Landivisiau— par le Groupe donc, qui décide de vendre des usines en France et de racheter une usine en Pologne qui est numéro1 de la transformation du saumon, et de délocaliser la main d’œuvre en Pologne."

Marine Harvest invoque des nécessités économiques

De son coté, l'avocat du groupe Marine Harvest a invoqué l'envolée du prix du saumon d'élevage au niveau mondial et la contrainte pour le groupe de se réorganiser pour rester compétitif.
Ce que relativise l'avocat des ex-salariés, il estime au contraire que le groupe parvient à tirer parfaitement son épingle du jeu :
« C'est assez simple : on est dans un groupe mondial qui fait à la fois de l’élevage et de la transformation de saumon.[…] Plus il vend son poisson cher à sa filiale, plus il s’enrichit et plus il appauvrit sa filiale. Et après il ferme sa filiale, mais lui a fait d’énormes profits ! »

C'est en juin 2013 que la société "Marine Harvest Rennes" avait annoncé la fermeture en 2014 de ses usines bretonnes de Poullaouen (178 emplois) et de Châteaugiron (109 emplois). A Poullaouen 158 licenciement avaient suivi.  Un "plan de sauvegarde de l'emploi" (PSE) avait été négocié avec des indemnités pour les personnes concernées et un congé de reclassement d’une durée de 12 à 16 mois. Mais Roger Potin est l'avocat des 109 salariés de Poullaouen qui ont toujours mis en doute la réalité du motif économique de leur licenciement. Les salariés s'étonnaient des bénéfices distribués à l'époque aux actionnaires et de la croissance des autres sites en France.
Le géant norvégien du saumon Marine Harvest emploie au total plus de 6000 personnes dans une vingtaine de pays.
Le jugement a été mis en délibéré au 30 juin 2017.
intervenant Roger Potin Avocat des anciens salariés de Marine Harvest Kritsen ©France 3 Iroise

 

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