Une deuxième campagne de recherche va s'ouvrir à la mi-juin 2019 à l'entrée du goulet de Brest, pour retrouver les épaves de La Cordelière et du Régent. Deux navires de guerre, l'un français, l'autre anglais, coulés en 1512 lors d'un combat naval. Véritable enquête autant que travail de fourmi.
De mi-juin à mi-juillet de cette année 2019, les recherches vont reprendre à l'entrée du goulet de Brest pour retrouver les épaves de la Cordelière et du Régent, disparues il y a 500 ans, le 10 août 1512 lors d'un fameux combat naval. Ces deux bâtiments de guerre, de 600 tonneaux chacun, 40 mètres de long, 200 canons et avec quelque 1000 hommes à leur bord, étaient les plus gros navires de l'époque, l'un Le Régent, appartenant au roi Henri VIII d'Angleterre, l'autre La Cordelière, le fleuron de la flotte d'Anne de Bretagne. Ils ont coulé ensemble, lors de cette bataille en mer, mais depuis, les épaves sont restées introuvables. Un mystère qui fascine toujours autant.
"Le mystère demeure, mais d'une certaine manière, comme c'est un moteur de recherche essentiel, peut-être que c'est bien que le mystère demeure encore un peu !"
Michel L'Hour, directeur du Drassm
Un programme de recherche sur trois années
Après des campagnes de 1996 à 2001, trois nouvelles années de recherche ont été programmées sur ce projet, avec des moyens technologiques très conséquents. En 2018, la première campagne, du 25 juin au 13 juillet a ainsi permis de prospecter 6 km2 sur une zone totale de recherche de 27 km2 identifiée. A l'issue de cette campagne, le mystère reste entier autour de ces deux bateaux, mais ces recherches ont permis de soulever de nombreuses nouvelles questions. L'enquête se poursuit.
Interview de Michel L'Hour, directeur du Drassm, recueillie par Krystel Veillard et Thierry Bouilly
Une troisième épave déterminante
Les recherches sur les épaves de La Cordelière et du Régent, ont en effet permis d'identifier une autre épave, une troisième, appelée "Sud-Minou 1", ouverte en deux. Il s'agirait d'un navire datant de la même période, 15e et 16e siècle, approximativement de même dimension, plus de 30 mètres de long, mais qui n'est pas un bateau de guerre. Aucune pièce d'artillerie n'a été retrouvée. Il ne s'agit donc ni de la Cordelière, ni du Régent, mais les chercheurs n'ont pas encore identifié ce bateau, qui était probablement dédié au commerce. Une épave située à plus de 50 mètres de fond, dans une zone très compliquée à prospecter en plongée, car soumise à des courants très forts. La campagne de 2019, sera également consacrée à des recherches sur ce bateau, qui semble lui aussi particulièrement intéressant d'un point de vue historique.
Interview de Michel L'Hour, directeur du Drassm, recueillie par Krystel Veillard et Thierry Bouilly
Stimuler la recherche technologique
Ces investigations sont menées par le DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines), en partenariat avec la Région Bretagne, mais encore avec des collaboration nombreuses, Ifremer (l'Institut de recherche pour l'exploitation de la mer), le Shom (cartographie marine), l'Ensta (école d'ingénieurs de Brest), LIRMM (laboratoire de robotique de montpellier). Ces recherches en archéologies sous-marines ont pour objectif de faire progresser les connaissances historiques sur cette période, mais elles permettent encore de stimuler la recherche technologique et robotique dans ces domaines de prospection sous-marines.
La robotique au service de la recherche historique
La première campagne a mobilisé des archéologues, des historiens, des ingénieurs, des hydrographes, à bord de "l'André Malraux" bateau scientifique du Drassm, mais a mis en oeuvre également une multitude d'outils de détection, magnétomètre, sonar à balayage ou multi-faisceau, systèmes de détection électromagnétique... Les fonds sous-marins prospectés se sont transformés en un véritable laboratoire pour expérimenter tous ces robots et nouveaux matériels.
"Les découvertes sont si importantes et les progrès accomplis dans le domaine de la robotique sont si conséquents, qu'on peut se dire que même si on n'avait eu que l'idée de faire des progrès dans ces thématiques de recherche, ça valait déjà le coup de le faire. Et il reste quand même la possibilité qu'on trouve La Cordelière et le Régent, et là ce sera une autre histoire et pour sans doute de longues années.", conclut Michel L'Hour
Le coût de cette première campagne a été estimé à environ 450 000 euros, 350 000 € pour le Drassm et 100 000 € pour la Région.