La journée de prévention "Un bébé, un livre" se déroulera le 19 novembre dans les maternités bretonnes. Initiée par les orthophonistes, elle vise à rappeler que le langage est un facteur protecteur contre l'illettrisme. D'où l'importance de parler à son bébé dès la naissance.
Sensibiliser les jeunes parents au développement du langage de leur enfant, à la lutte contre l’illettrisme et aux bienfaits de la lecture d’histoires dès le plus jeune âge, voilà, résumée en quelques mots, la philosophie de l'opération "Un bébé, un livre". Elle se déroule depuis dix ans, le troisième jeudi de novembre, dans les maternités bretonnes. Cette action, menée conjointement par les orthophonistes et l'association costarmoricaine "A propos", n'aura toutefois pas la même saveur cette année, crise sanitaire oblige.
Des livres-doudous à Brest
Si, en temps ordinaire, les orthophonistes installent leur stand dans les treize maternités participantes, poussent les portes des chambres pour amorcer la discussion avec les parents, il a fallu revoir le dispositif. "Certaines ont reporté cette journée, explique Emmanuelle Langlois, orthophoniste et coordinatrice de l'opération en Bretagne, d'autres ont tenu à la maintenir sous une forme différente".
Exemple à la polyclinique de Keraudren à Brest dans le Finistère où une distribution de livres-doudous sera réalisée par les équipes soignantes. Mieux : les étudiants de 2e année du centre de formation universitaire en orthophonie brestois ont réalisé une vidéo d'animation pédagogique autour de l'importance du langage. Et ce, dès la naissance du bébé. "Elle sera diffusée sur les réseaux sociaux le 19 novembre et sur la chaîne interne de la maternité, indique Angélique Le Bourdonnec, en charge de la communication de l'établissement médical. Nous avons dû nous adapter compte tenu du contexte sanitaire en utilisant des outils distanciels. C'est important que l'opération 'Un bébé, un livre' puisse avoir lieu malgré tout".
Le langage se construit par imitation. Plus on parle à un bébé, plus il s'approprie le langage et plus ce sera simple ensuite pour lui d'entrer dans le langage écrit.
"Un bain de langage"
Lire un livre à un bébé ? C'est loin d'être anodin. "Quand nous rencontrons les parents, la première question qui vient est : 'à partir de quel âge on peut lire un livre à notre enfant ?', constate Emmanuelle Langlois. Pour eux, faire la lecture à leur bébé, ce n'est pas une évidence. Pourtant, dès les premiers mois après la naissance, c'est important".
Des livres imagiers, des livres contrastés où le parent va nommer ce qu'il voit, raconter le livre en quelque sorte, sont une première approche. "Par exemple, l'image d'un biberon amène à expliquer simplement les choses, en lien avec le quotidien: 'regarde, c'est ce que tu bois tous les matins', souligne l'orthophoniste brestoise. Ces moments où l'on se pose, où l'on fait découvrir à son bébé ce qu'est un livre, ce sont aussi des situations de communication, d'apprentissage du langage parlé qui stimulent l'éclosion du langage chez l'enfant".
Outre la parole, l'échange visuel, le toucher, faire des grimaces créent également ce qu'Emmanuelle Langlois appelle "un bain de langage. Mais attention, ajoute-t-elle, il ne s'agit pas de culpabiliser les parents qui ne font pas tout cela. Ils font peut-être autre chose de tout aussi stimulant. Chanter, fredonner même une chanson que l'on invente, c'est déjà verbaliser les choses de façon à établir un échange avec son bébé".
Le langage : facteur protecteur contre l'illettrisme
Lorsque la Fédération nationale des orthophonistes (FNO) décide de monter l'opération "Un bébé, un livre", elle s'appuie sur les chiffres publiés par l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI). En France, 7 % de la population âgée de 18 à 65 ans est concernée par l'illettrisme. Agir au plus tôt, sur le langage, c'est la clef. "Le bébé a besoin d'attention et d'intéractions, souligne Emmanuelle Langlois. C'est de cette façon qu'il développe ses capacités à communiquer, à comprendre et plus tard à apprendre à lire et écrire".
"Un bébé, un livre" s'inscrit dans une action de prévention contre l'illettrisme. Comme le rappelle la FNO, "le langage est un facteur protecteur contre l'illettrisme. Des troubles du langage mal détectés peuvent entraîner une exclusion du système scolaire, des difficultés d'intégration sociale, un illectronisme (l'illettrisme numérique, NDLR). Voilà pourquoi nous militons pour la prévention des troubles du langage dès la naissance".