Donner une seconde vie à une peau d’ananas ou de pastèque, c'est ce que fait Clément Colin. L'artisan écologue s'inspire de la nature pour créer des pièces de maroquinerie.
Dans son petit atelier, situé à Argol, sur la presqu'île de Crozon, Clément Colin confectionne des porte-cartes et portefeuilles uniques en leur genre. Ses créations sont fabriquées non pas avec du cuir animal mais avec du cuir végétal. Ingénieur de formation, il a décidé à sa sortie d'école de se tourner vers l’artisanat mais le plus écologique possible.
Il s'est créé son propre statut, celui d’artisan designer écologue. En d’autres termes, un inventeur de biomatériaux.
Revaloriser les peaux de fruits
Aujourd'hui, Clément Colin revalorise les peaux de fruits pour remplacer le cuir animal et en faire des objets de maroquinerie, de bijouterie ou de décoration. Des créations 100% écologiques qu'il a pensées en s'inspirant de la nature.
"Le cœur du projet, c’est de proposer une matière qui ne ressemble pas à du cuir animal. Les peaux de fruit, on n’a pas l’habitude de les voir de cette manière. Cela les met en valeur. Et cela met aussi en valeur la richesse et la beauté de la nature."
Sa matière première, il la trouve dans une entreprise spécialisée dans la production de rhums à Plougastel-Daoulas. Tous les mois, le gérant lui met ses plus beaux fruits de côté.
C’est gagnant-gagnant. L’un se débarrasse d’une partie de ses déchets pendant que l’autre récupère une matière première gratuite. "On découpe l’ananas, donc le fruit on va le manger ou on va le consommer comme je le fais avec le rhum arrangé et puis, la peau, elle, elle a une seconde vie" explique Alain Jegaden, fondateur de la rhumerie Breizh'île.
Tous les fruits ne sont pas bons à prendre
Mais tous les fruits ne sont pas bons à prendre. Pour pouvoir les travailler, il faut quelques conditions. Clément privilégie les agrumes. "Les peaux d’ananas en particulier car, par apport aux autres fruits, elles offrent une plus grande surface donc je peux faire des pièces plus grandes, relate-t-il. Elles ont une bonne épaisseur et elles sont remplies de fibres plus que les autres. Cela leur offre une meilleure tenue et une meilleure solidité." En revanche, il faut oublier la peau de banane ou de pomme, trop fine pour être travaillée.
Une fabrication en 16 étapes
Une fois la matière récupérée, tout le travail se déroule dans son atelier. Clément a mûri une technique unique en France, qui nécessite quelques étapes. "Pour arriver à une peau finie, on a 16 étapes et ça va nous prendre environ 3 semaines" indique l'artisan écologue.
La première étape consiste à enlever la chair et nettoyer la peau. "C’est pour avoir un côté lisse et doux au toucher". Clément martèle ensuite la matière pour l’aplatir et la faire sécher. Il découpe, coud et assemble. Puis vient l’étape de la teinture. Le résultat est surprenant.
Maroquinerie et objets de décoration
Bagues, boucles d’oreilles, bracelets ou encore un portefeuille "multivitaminé" à base de melon cantaloup, de citron et de pamplemousse... Autant d'objets qui naissent entre les doigts habiles de Clément, lequel réalise principalement des pièces de maroquinerie.
Depuis quelques mois, il s’est toutefois lancé dans la confection d’objets de décoration. Car les idées, ce n’est pas ce qui lui manque. "On peut imaginer des têtes de lit, dit-il. Pour les lampes, on peut imaginer d’énormes vitraux, d’énormes luminaires de halls d’accueil."
Comptez tout de même 25 euros pour une bague et 180 euros pour un portefeuille. Ses créations ont un coût mais elles sont uniques et surtout écologiques.
(Avec Héloïse Blondel)