"C'est une blessure non refermée". Sur les traces des "disparus de Pontaniou", ces résistants fusillés en 1944 à Brest

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L'ancienne prison de Pontaniou où furent enfermés des résistants, sous l'occupation allemande, avant d'être exécutés le 7 août 1944
Le reportage d'Arthur Conanec, Claire Villalon et Julien Le Bot ©France 3 Bretagne

Qui a donné l'ordre de tuer les prisonniers de Pontaniou à Brest en 1944 ? Pourquoi ces résistants ont-ils été déclarés morts en déportation ? Avec "Les disparus de Pontaniou", l'historien Jean-Yves Guengant part sur les traces de ces hommes dont les corps n'ont jamais été retrouvés. Un livre d'enquête documenté, assorti du témoignage des familles, lesquelles, depuis 80 ans, vivent ce massacre "comme une blessure non refermée".

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Sur le mur d'enceinte de l'ancienne prison de Pontaniou, à Brest, cette plaque noire aux lettres dorées qui rappelle le martyr "d'hommes entraînés par la guerre vers leur tragique destin". Ceux que l'Etat français d'après-guerre nommait "les non-rentrés" car considérés comme déportés. Des résistants qui, le 7 août 1944, ont été fusillés par les Allemands et dont l'histoire, après la libération de la ville, a vite été mise de côté.

Disparus dans "la nuit et le brouillard"

Dans son livre, écrit sous forme d'enquête, Jean-Yves Guengant part sur les traces de ces "disparus de Pontaniou", ainsi qu'il les appelle. "Mon enquête s'arrête ici, dans cette prison, relate l'historien. Le 7 août, alors que les troupes américaines approchent de Gouesnou, ces prisonniers ont été exécutés, sans doute au fort du Bouguen. À 5h du matin, ils sont emmenés. À 7h, ils sont morts mais le lieu de leur exécution reste une hypothèse. On n'a pas retrouvé les corps".

Une soixantaine d'hommes seront ainsi assassinés par l'occupant allemand entre avril et août 1944, un crime de guerre dont l'ordre d'exécution est, selon Jean-Yves Guengant, venu de Rennes où les SS avaient installé leur commandement.

Il cite également 'Nuit et Brouillard', le nom de code derrière lequel se cache l'ordre de faire disparaître tous les ennemis et opposants au IIIe Reich en Europe, "les faire disparaître dans la nuit et le brouillard" souligne celui qui a mis trois années pour écrire son livre très documenté.

LIRE : Brest : qui étaient les Résistants brestois du Groupe Elie, fusillés au Mont-Valérien le 10 décembre 1941 ?

"Ce sont des héros"

Pour construire son ouvrage, Jean-Yves Guengant s'est appuyé sur l'histoire de Roger Bothuan. Résistant dès 1941, cet instituteur de Kerlouan effectue des missions de renseignement pour l'armée de l'ombre. Il commande les FFI (forces françaises de l'intérieur) de la commune Il est arrêté en juillet 1944. "Les troupes allemandes ont entouré l'école, précise l'historien brestois. Un Allemand va frapper à la porte; C'est la fille de Roger Bothuan qui va ouvrir".

Le résistant est emprisonné à Pontaniou. Son corps ne sera jamais retrouvé. Tout comme celui du grand-père de Gilles Grall, fusillé en août 1944. "L'ouvrage de Jean-Yves Guengant est essentiel pour comprendre ce qui s'est passé durant ces deux derniers mois de guerre à Brest, confie-t-il. Il fait œuvre d'histoire, tandis que la mémoire disparaît puisque les gens qui ont connu cette période sont de moins en moins nombreux. Le livre est fouillé, précis et accessible à tous".

Alors que Brest commémorera les 80 ans de sa libération en 2024 et que l'ancienne prison de Pontaniou fait l'objet d'un projet de réhabilitation, Gilles Grall dit qu'il est grand temps d'honorer ces hommes. "On doit cultiver la mémoire citoyenne de ces résistants qui ont tout sacrifié pour que nous puissions vivre libres. Ce sont des héros" note-t-il. 

À travers Les disparus de Pontaniou, Jean-Yves Guengant met aussi en lumière le combat des familles, en quête de vérité sur un massacre qui "reste une blessure non refermée" comme le confie Gabrielle Le Bris, petite-fille d'un résistant.

(Avec Arthur Conanec)

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