"Ce n’est pas normal que la normale soit de boire". Janvier sans alcool, le défi qui a du mal à convaincre

Un mois entier sans alcool. Le défi du Dry January est simple et pourtant, depuis la pointe Finistère, il ne fait pas l’unanimité. "Hypocrisie", "On n’y croit pas" dit-on dans les bars… Arrêter de boire pendant 31 jours a pourtant des effets positifs sur le sommeil, la santé, le moral. "On a le droit de ne pas boire" explique une addictologue.

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"On n’y croit pas. C’est de l’hypocrisie." Dans ce bar brestois, les consommateurs, un verre à la main, sont plutôt mitigés sur le Dry January, le mois de janvier sans alcool. "On ne peut pas le faire, car le 1ᵉʳ janvier, il y a champagne, développent Sandrine et Lydia. Ensuite, tout au long du mois, on va croiser la famille. L’alcool, c’est sociable et convivial."

Dur dur de ne pas boire dans la patrie qui a vu naître le Défi Brestois, 30 ans avant le Dry January importé d’Angleterre. Les Bretons auraient-ils un problème avec l’alcool ? Bien amoché avec ses camarades de beuverie, un client affirme qu’il va s’y mettre : "On a trop profité pendant l’année 2022 (oui, l’alcool arrête le temps). Il faut mettre un stop !"

Son voisin, coiffé d’un chapeau de pirate, enchaîne : "Je préfère faire février sans alcool, car le mois dure moins longtemps." Pragmatique. "Nous les Brestois, on ne subit pas la pression, on la boit." Tout est dit.

"Des bénéfices sur le sommeil, l’alimentation, l’anxiété."

Pourtant, les avantages d’un arrêt de la consommation d’alcool pendant un mois sont nombreux. "Le Dry January a un impact significatif sur les participants avec des bénéfices sur le long terme, explique Morgane Guillou, addictologue au CRHU de Brest. La consommation est réduite dans les mois qui suivent et il y a des bénéfices sur le sommeil, l’alimentation, la prise de poids, l’anxiété."

C’est un cercle vertueux. Généralement, les gens qui participent deviennent moins sédentaires. Ils font plus d’activités physiques

Morgane Guillou

Addictologue au CHRU de Brest

"Ce n’est pas normal que la normale soit de boire"

L’addictologue aimerait que les pouvoirs publics aient une politique plus cohérente en matière de prévention vis-à-vis de l’alcool. "On ne peut pas être dans une proposition de soin d’un côté et dans une politique qui n’informe pas le grand public et qui ne soutient pas des démarches comme le défi de janvier. Ça permet aux gens de se questionner sur leur consommation."

"Il faut alerter : ce n’est pas normal que la normale soit de boire, ajoute Morgane Guillou. Le défi de janvier, c’est aussi dire que les femmes enceintes ne sont pas les seules concernées. On a le droit de ne pas boire. Ça devrait être la norme d’être dans une situation sociale où on n'est pas obligés de consommer."

Brest à la pointe sur ce défi

Les Brestois rencontrés au bar sont pourtant dans un univers qui est favorable à leur engagement pour le défi de janvier. "La ville de Brest est une des rares villes de France qui participe au défi, précise Morgane Guillou. Il y a un vrai plan alcool avec une collaboration forte entre différents acteurs et une stratégie de prévention allant du supermarché au bar en passant par les établissements scolaires."

Un site internet et une application existent pour accompagner celles et ceux qui souhaitent relever le défi de janvier. Un défi de taille quand on sait que 9 Français sur 10 indiquent consommer de l’alcool au moins une fois par an.

(Avec Lauryane Arzel)

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