Le Dry January vu de Bretagne : "Le problème ce n’est pas l’alcool, c’est les potes"

Les premières réactions sur le mois sans alcool sont claires comme de l’eau de roche. Ce phénomène séduit autant certains Bretons que de faire un mois sans galette. Pour les quelques motivés par ce challenge, le défi n’est qu’à mi-parcours, et la partie ne semble pas encore gagnée.

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Le Dry January ? Pas boire pendant un mois ? Ça n’existe pas en Bretagne“. “Moi, je ne bois que du blanc, mais je ne prends pas de cuite, ça compte ?

Déjà une dizaine de jours que le Dry January a débuté, et cette mode du mois de janvier sans alcool ne passe pas inaperçue en Bretagne. Un grand nombre de Bretons refusent ce qui est vu comme une blague, un truc américain à mettre au placard comme Halloween, ou le mépris de la première des traditions bretonnes : l’apéro entre amis.

Pourtant, année après année, ce défi détox séduit discrètement. Gaëlle, Ronan, Gwen, trois amis qui ne détestent pas se retrouver après le travail dans un bar du centre-ville rennais, sont encore en course pour cette pause d’alcool.

Pas de suspens, cette année encore, aucun ne tiendra le mois complet. Mais les motivations autant que les embûches rencontrées durant ce jeûne temporaire en disent long sur leur rapport à la boisson.

Dès que mon corps a vu une fenêtre de tir, il a expulsé les toxines.

Ronan

Ronan est un habitué du Dry january. “Chaque année, j’essaie de le faire durer un peu plus longtemps. Au moins 10 jours.” Le quarantenaire rigole. “Cette année encore ça va être compliqué. Je pars en vacances avec des copains. Ils sont déjà à réfléchir au nombre de cubis à prendre pour tenir la semaine”.

La motivation pour cet amoureux du vélo et du foot en salle ? Faire souffler son corps après les fêtes.

Lui qui aime également les apéros concerts a connu “une décompression” au début de son passage à l’eau gazeuse. “Dès le début de mon mini Dry January, j’ai eu une grosse fatigue. Pourtant, je dormais plus que d’habitude. Mon corps a expulsé les toxines. Dès qu’il a vu une fenêtre de tir, il en a profité.”

Problème de fatigue également pour Gaëlle qui s’est lancée dans le challenge après une période plus riche en houblon qu’en sommeil. “Dernièrement, je sortais pas mal et j’ai beaucoup picolé. J’ai voulu faire une pause. Dès que j’ai arrêté de boire, je me suis retrouvée HS. Les potes se sont moqués de moi disant que mon corps réclamait de l’alcool. Pas de bol, c’était le covid. Au moins, je n’ai vu personne et je n’ai rien bu.”

Casser les mauvaises habitudes

Comme son ami Ronan, Gaëlle sait qu’elle ne va pas tenir un mois. L’envie est plutôt d’oublier les mauvaises habitudes prises durant le premier confinement. "Quand on s’est retrouvé confiné, on a commencé à boire des verres à la maison et cette habitude s’est installée. Ces quelques jours sans alcool, c’est surtout pour arrêter ça. D’ailleurs, je quitte la coloc.”  

Avec ses colocataires, Gaëlle explique que chaque soir il y a un bouchon qui saute. Auparavant le petit groupe débouchait une bonne cuvée uniquement les soirs de fêtes, mais depuis plus d’un an, les bouteilles se débouchent sans raison.

Prendre trois sodas au bar, c'est quand même un peu chiant.

Gwen

Malgré un mental entraîné à la résistance par ses préparations de marathons, Gwen lâche “Si je tiens 15 jours, je suis déjà content”. Il sait qu’il cédera le premier “Franchement j’aime boire une bière avec mes copains. Même en prépa d’ultra-trail je ne m’empêche pas de boire un verre.”

Lui qui a conclu en 39 heures une course de 105 kilomètres sur l’île de la Réunion, l’exprime clairement “Prendre trois sodas au bar avec les amis, c’est quand même un peu chiant.”   

“Le problème ce n’est pas l’alcool, c’est les potes". Ronan résume la pensée du groupe d’amis. “La tentation vient des gens, pas de l’alcool en lui-même. C’est comme avec le mois sans viande : l’entourage se sent coupable, jugé, et ils veulent te faire lâcher, ça les rassure”.

La culpabilité : premier moteur du sevrage

"J’ai lu que pour se régénérer, le foie a besoin de 10 jours. C’est sûrement faux mais voilà la première raison de mon petit dry january : la culpabilité”. Autour de lui, rares sont les gens qui comprennent sa décision, même pour deux ou trois petites semaines. Max assume. Il veut surtout nettoyer sa conscience avant de revenir à son rythme normal. “Après cette petite pause d’alcool, je pourrai ne pas me priver et ne plus faire attention, surtout dans les moments festifs”.

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