"Dry January" : Ne pas boire d'alcool en janvier ? Une personne sur 10 tente le défi

La consommation d'alcool est en France, et notamment en Bretagne, est associée à la convivialité. Mais son abus peut-être "dangereux pour la santé"... Pour Romain Moirand, responsable de l'unité d'addictologie du CHU de Rennes, on a tout à gagner à relever le défi du "Dry January"

Après le mois sans tabac qui se déroule en novembre, l'année débute avec un nouveau défi : le "Dry January". 

"Le défi, c'est de ne pas boire une goutte d'alcool durant le mois de janvier, en tout cas le moins possible jusqu'au 31 janvier !" explique le professeur Romain Moirand, responsable de l'unité d'addictologie du CHU de Rennes.

En tant que secrétaire de la société française d'alcoologie, il est impliqué dans la troisième édition française de ce "défi de janvier" (traduction française du "Dry January" lancé en Angleterre en 2013).

La période est propice aux bonnes résolutions. Après les excès liés aux fêtes de fin d'année, de plus en plus de personnes sont tentées de relever le défi. "D’après un sondage YouGov, un français sur dix avait en 2021 pour objectif de participer au défi de janvier et de faire une pause dans leur consommation d’alcool." 

Quel public est visé ?

Ce ne sont pas les patients "addicts à l’alcool" qui sont concernés par ce défi : "Pour ces patients, un arrêt brutal serait parfois dangereux !"

"Les personnes concernées par ce défi de janvier, ce sont ceux qui aiment bien boire, les bons vivants, ceux qui utilisent l’alcool de façon conviviale et qui dépassent probablement parfois un peu les doses compatibles avec une santé parfaite."

Professeur Romain Moirand

En France, un tiers des hommes et 15% des femmes, soit au total 25% de la population française dépasse les repères actuellement préconisées par Santé Publique France et le ministère de la santé.

Une consommation d’alcool "excessive" qui peut générer des soucis graves de santé.

Quels effets sur la consommation d'alcool au-delà de janvier ?

 Des études qualitatives ont été menées en France depuis 2020 et la première édition du défi de janvier. Elles s'appuient sur des témoignages de personnes qui ont essayé de ne pas boire d'alcool durant un mois.

"Beaucoup de participants ont d'abord été surpris que ce soit relativement facile, que cela ne leur pose pas de problème, explique le professeur Romain Moirand. Ils nous disent qu'ils ont pu découvrir des choses sur eux, découvrir qu'ils pouvaient vivre sans alcool, prendre du bon moment avec des amis même sans alcool..."

"Ils ont surtout vécu des effets positifs sur leur sommeil, sur leur énergie, sur leur fatigue... Ils se sentaient un peu mieux." Poids, teint, forme physique et morale... Autant de signes qui ont visiblement motivé certains à modifier ensuite leurs habitudes.

Après avoir relevé ce défi, beaucoup disent avoir continué à baisser leur consommation d'alcool. Cela ne veut pas dire "ne plus boire du tout d'alcool", mais diminuer sa consommation par rapport à ce qu'ils faisaient avant."

Professeur Romain Moirand, responsable de l'unité addictologie du CHU de Rennes

En Angleterre, où le "dry january" existe depuis 2013, des études statistiques confirment ces ressentis : "Six mois après le Dry January, près de 7 participants sur 10 continuent à moins consommer d'alcool qu'avant."

Pourquoi ce mois sans alcool est-il moins soutenu par l'Etat que les opérations contre le tabagisme ?

Le défi de janvier ne bénéficie pas en effet du soutien de Santé Publique France, (agence qui dépend du Ministère de la Santé) contrairement à des campagnes de même nature contre le tabagisme, comme le Mois sans tabac, qui existe en France depuis 2016.

La juriste Claude Rambaud, vice-présidente de la fédération d'associations France Assos Santé, qui chapeaute ce "Dry January français", le regrette dans les colonnes du Point"On n'a pas d'aide gouvernementale (et) on est toujours sans moyens ! (...) Ca n'a rien à voir avec ce qui se passe au Royaume-Uni où ils sont extrêmement soutenus par le gouvernement."

Si beaucoup d'associations reprochent à l'Etat de céder aux lobbies de l'alcool, les raisons sont aussi, selon le professeur Romain Moirand, d'ordre culturel :

"En France, moins de 30% de la population fume mais plus de 90% boit !"

Professeur Romain Moirand, professeur d'addictologie

Contrairement au tabac, l'alcool a dans notre société, un poids culturel. "Boire est synonyme de convivialité et ne pas boire est souvent mal vu, poursuit le professeur. A l'image des remarques que l'on peut faire à une femme qui refuse un verre et qui est tout de suite soupçonnée d'être enceinte... Ne pas boire est jugé, suspect." 

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