Le 12 décembre 1999, l’Erika, un pétrolier battant pavillon Maltais sombrait au large de Penmarc’h et libérait 20 000 tonnes de fuel lourd qui allaient salir plus de 400 kilomètres de côte et tuer des milliers d’oiseaux.
En ce début du mois de décembre 1999, la mer est grosse au large du Finistère. Des creux de six mètres, un vent fort. Des conditions difficiles, mais rien qui ne puisse empêcher un pétrolier en état de faire route.
Mais l’Erika est fatigué. Le pétrolier de 184 mètres de long a été construit au Japon en 1975. Il a changé huit fois d’armateur, trois fois de pavillon autant de sociétés de classification. La dernière de ses sociétés a d’ailleurs relevé des faiblesses dans ses structures, alors quelques petits travaux ont été entrepris et le navire a continué sa route.
Le 8 décembre 1999, le navire, affrété par Total, chargé de 30 884 tonnes de fuel lourd quitte le port de Dunkerque en direction de la Sicile. Il n’y parviendra jamais.
Lire : Pollution de l'Erika il y a 20 ans : "Certains jours, tout le monde se mettait à pleurer"
La catastrophe
Entre les vagues qui tapent, les paquets de mer qui s’abattent sur le pont, le navire commence à gîter. Le 11 décembre, le commandant contacte une première fois le CROSS Etel (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage).
Dans la nuit, le navire devient de plus en plus difficile à gouverner. Des fissures sont apparues sur la coque, les tôles de bordé s'arrachent.
À 5 h 54, le commandant de l’Erika envoie un message de détresse : la coque s’est déchirée, il demande l'évacuation du navire. Les 26 membres d’équipage sont hélitreuillés.
Deux heures plus tard, à 8h08, le pétrolier commence à se briser. 10 000 tonnes de fuel lourd s’échappent aussitôt de ses cuves et commencent à former une longue traînée sombre sur la mer.
Le bateau sombre dans la nuit du 13 au 14 décembre à 55 km au sud de Penmarc'h et à 90 km à l'ouest de Belle-Île-en-Mer.
Des tonnes de fuel lourd sur la mer
Les premières nappes de pétrole arrivent sur la côte sud du Finistère le 23 décembre 1999. Puis, au matin du 25 décembre, elles viennent souiller les îles du Morbihan, Groix et Belle-Ile. "J’ai quitté mon habit de Père Noël pour venir ramasser le goudron se désole un îlien. C’est une catastrophe !"
Poussée par les tempêtes et les vents, la masse gluante se répand bientôt sur les plages de Loire-Atlantique, puis celles de Vendée, de Charente-Maritime. 400 kilomètres de côtes sont défigurés.
La LPO estime que 200 à 300 000 oiseaux (dont 83 % des guillemots de Troïl) ont péri, englués dans le fuel qui s’accrochait à leur plumage.
Les procès
Le procès de la catastrophe s’ouvre le 12 février 2007. L’affréteur, le groupe Total et la société de classification italienne sont reconnus coupables de pollution maritime. Condamné à verser 192 millions d'euros d'indemnisations aux parties civiles au titre des dommages et intérêts (dont 13 millions au titre de préjudice écologique), le groupe pétrolier fait appel.
En septembre 2012, la Cour de cassation confirme sa responsabilité et valide le principe du préjudice écologique. Total est condamné à payer une amende de 375.000 € et à verser 200 millions d'euros de réparations civiles.
Les progrès
Depuis, les navires à simple coque ont été interdits (en 2015), les contrôles des navires sont renforcés (les bâtiments les plus anciens doivent être inspectés au moins une fois par an) mais une grande partie du trafic mondial d'hydrocarbures continue de passer chaque jour au large de la Bretagne.