Clubs de foot escroqués, faux diamants, bitcoin : l'affaire "Carton rouge" devant la justice

Plus d'un millier de victimes, 28 millions d'euros de préjudice et des clubs de football parmi les plus de 800 plaignants. Le procès d'une escroquerie géante sur internet va s'ouvrir cette semaine. C'est l'affaire Carton rouge".

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On l'appelle l'affaire "Carton rouge". Les faits remontent aux années 2016/2018. En raison du nombre très important de parties prenantes, elle sera jugée par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Nancy pendant quatre semaines au Centre des congrès de la ville. 

Vingt-deux personnes comparaîtront pour escroquerie en bande organisée au préjudice de quelques 850 personnes et de plusieurs clubs de foot professionnels, qui se sont constitués parties civiles. Ceux de Brest, Rennes, Lorient et Nantes avaient subi des tentatives de fraude.

Un millier de particuliers victimes d’escroquerie... 

Les prévenus sont 22 à être cités, bien que trois fassent encore l'objet d'un mandat d'arrêt international, a précisé la Jirs.

Six autres personnes ont accepté "sur proposition du ministère public, de plaider coupable dans le cadre de procédures de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) organisées avant l'audience", précise la juridiction.

Plus d'un millier de particuliers ont été victimes d'escroquerie, croyant avoir acheté des cryptomonnaies ou des diamants. Ils ont dépensé des sommes importantes et n'ont, dans la plupart des cas, jamais rien reçu. Certains ont réceptionné de faux diamants, d'une valeur bien moindre que ce qu'ils pensaient avoir acquis.

 Au total, près de 1.300 victimes ont été recensées pour un préjudice de 28 millions d'euros. La plus grande partie du préjudice était liée à la vente de diamants: 900 particuliers ont été escroqués via 14 sites internet frauduleux, pour un préjudice de 20,9 millions d'euros.

Fausses promesses 

Plusieurs prévenus sont poursuivis pour avoir créé des sites internet afin de "servir de support aux escroqueries". Ils avaient un "design attractif" et des "informations grossièrement mensongères" y étaient publiées pour "donner confiance aux victimes", selon le juge d'instruction dans son ordonnance de renvoi, dont l'AFP a pris connaissance.

Les escrocs promettaient des rendements "exceptionnels" pour l'investissement dans des diamants, de l'ordre de 6 à 8%.

Les sites étaient "construits selon des maquettes tout à fait similaires" en variant surtout la présentation des premières pages. "Les formulaires de contact étaient quasiment identiques", note le juge d'instruction.

Une trentaine de sites internet avaient ainsi été créés pour tromper les consommateurs depuis un bureau situé à Marseille.

Près de 200 comptes en banque ont aussi été ouverts dans 19 pays différents "pour collecter et transférer les fonds virés par les victimes", selon la Jirs. Au total, 2,8 millions d'euros ont été saisis ou bloqués durant l'information judiciaire et pourront, en cas de condamnation, "servir à l'indemnisation des victimes".

Des clubs de foot bretons ciblés par les escrocs

L'autre volet de ces escroqueries concerne plusieurs clubs de foot professionnels et leurs sponsors.

Trois clubs, Angers, Sochaux et Toulouse, ont été escroqués quand six autres, Brest, Lorient, Rennes, Nantes, Marseille et Dijon, et certains de leurs sponsors, ont subi des tentatives de fraude.

Le mode opératoire était toujours le même : un malfaiteur appelait le club en se faisant passer pour l'agent ou un proche d'un des joueurs. Il expliquait que ce dernier avait changé de compte bancaire et envoyait un faux RIB dans l'objectif de détourner les salaires des footballeurs.

Le club de Sochaux a ainsi procédé à un versement de quelque 17.000 euros, des fonds immédiatement transférés par les malfaiteurs vers des comptes maltais et bulgare. Toulouse a également versé 10.000 euros aux malfrats, et le SCO d'Angers plus de 35.000 euros, soit un préjudice total d'une soixantaine de milliers d'euros pour ces trois clubs qui évoluaient en Ligue 1 et Ligue 2.

Six hommes de 38 à 59 ans sont poursuivis pour ces escroqueries et tentatives, mais trois le sont aussi pour le blanchiment des fonds en Israël, et dans au moins 12 pays d'Europe. Deux d'entre eux sont en fuite.

"Cette affaire illustre les dangers associés aux investissements en ligne infligeant d'importants préjudices à de nombreux épargnants", note dans un communiqué Guy Grandgirard, président de l'Association de défense des consommateurs de France.

"Depuis 2018, ces arnaques ont connu un accroissement considérable. Nous gérons actuellement plus de 3.500 dossiers avec un préjudice dépassant 400 millions d'euros", souligne-t-il, rappelant que l'affaire "Carton rouge" a révélé l'implication de dizaines de sites frauduleux.

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