Les clubs de football de Rennes, Brest, Lorient et Nantes ont failli être victimes de ce vaste réseau d'escroquerie. Des centaines de particuliers également. Le tribunal de Nancy se penche depuis plusieurs semaines sur ces escroqueries aux diamants et cryptomonnaies, pour 28 millions d'euros de préjudice. Plus de 850 personnes s'étaient constituées parties civiles à l'ouverture du procès, dont la dernière semaine s'ouvre ce mardi avec les réquisitions.
C'est l'ouverture de la dernière semaine du procès "Carton rouge" de vastes escroqueries aux diamants et cryptomonnaies, pour un préjudice de 28 millions d'euros et avec des centaines de victimes. C'est l'heure des réquisitions du ministère public pour une journée complète, laissant au procureur, Vincent Legaut, de justifier pour chacun des 22 prévenus leur implication dans cette escroquerie tentaculaire. Cette dernière a fait 1.300 victimes, parmi lesquelles des clubs de football professionnels. Les clubs de Brest, Rennes, Lorient et Nantes avaient été victimes d'une tentative d'escroquerie.
Plus de 850 personnes s'étaient constituées parties civiles à l'ouverture du procès et pourront donc être indemnisées par les prévenus dont la culpabilité sera reconnue par le tribunal. Les deux premières semaines du procès, qui avait été délocalisé au Centre de congrès Prouvé de la cité lorraine au vu du nombre de parties civiles, ont été dédiées aux auditions des mis en cause.
Les avocats des parties civiles ont ensuite pris la parole, ainsi que certaines victimes qui ont pu témoigner à la barre de leur détresse la semaine passée. Les prévenus convoqués au procès avaient des rôles à différents niveaux de l'organisation : certains étaient poursuivis pour "association de malfaiteurs", pour avoir notamment créé les sites internet frauduleux qui servaient d'appât aux victimes et de support aux escroqueries.
Tentatives de fraude
C'est sur ces sites internet que les victimes laissaient leurs coordonnées pour se renseigner sur les investissements dans les diamants ou les crypto-monnaies.
Elles étaient très rapidement rappelées par les escrocs, qui étaient "gentils" au téléphone, selon plusieurs victimes. Mais surtout persuasifs.
Ces appels étaient notamment passés depuis un centre d'appels basé en Israël, comme il en existe de nombreux, selon un prévenu, Emmanuel F. Celui-ci avait indiqué à l'audience qu'il y avait "des publicités partout" dans le pays pour travailler dans de tels centres. "Des pères de famille y vont", pensant que les appels passés sont légaux, "et se retrouvent dans un bourbier" dont ils ont du mal à s'extraire, avait-il affirmé.
D'autres prévenus, notamment ceux à qui il est reproché d'avoir appelé les victimes, sont aussi poursuivis directement pour les faits d'escroquerie.
Des tentatives de fraudes ont aussi été étudiées à l'audience, qui ont visé des clubs de football professionnels : au total, une douzaine ont été ciblés mais l'instruction portait seulement sur six tentatives (contre Lorient, Marseille, Brest, Rennes, Nantes et Dijon).
Comptes en Bulgarie, à Malte
Trois autres clubs, Sochaux, Angers et Toulouse, ont chacun versé des sommes entre 10.000 et 35.000 euros, après avoir été contactés par de faux agents de joueurs qui voulaient en détourner les salaires.
Aussitôt virés, les fonds ont transité vers des comptes bancaires ouverts à Malte ou en Bulgarie.
Des prévenus ont aussi servi de prête-noms pour ouvrir des sociétés, ou des comptes bancaires en France, en Israël mais aussi dans une douzaine de pays d'Europe, où ont transité les fonds.
Plusieurs d'entre eux, présents à l'audience, ont regretté que les "têtes pensantes" du réseau n'aient pas fait le déplacement, comme le signalait Emmanuel F.
Deux prévenus poursuivis pour "association de malfaiteurs", "escroqueries" mais aussi pour le blanchiment des fonds sont en fuite, sous le coup d'un mandat d'arrêt.
L'un d'eux, Youval T., a écrit des courriels au tribunal, dans lesquels il nie toute implication dans ce réseau. Il a toujours refusé de se rendre en France pour être entendu de la justice et affirme s'être fait voler son identité par un autre prévenu, présent de son côté à l'audience.
Le procès doit durer jusqu'à vendredi, mais la décision sera mise en délibéré.