La fermeture du commissariat de Brest dans la nuit du 31 août met à nouveau sur la table le manque d'effectif chronique dans les rangs de la police brestoise. Trois questions au maire François Cuillandre qui réaffirme son opposition à la création d'une police municipale.
Dans la nuit du 31 août au 1er septembre, le commissariat de police de Brest, dans le Finistère, a fermé ses portes. Faute d'effectifs. Le syndicat Unité SGP Police-FO monte au créneau et déplore, une fois encore, les tensions sur les effectifs de police brestois.
François Cuillandre, quelle est votre réaction après la fermeture du commissariat de police de Brest dans la nuit du 31 août au 1er septembre faute d'effectifs suffisants ce soir-là ?
Déjà, c'est un peu plus compliqué qu'une simple fermeture mais je n'ai pas envie de rentrer dans un débat qui relève de l'organisation interne de l'Etat. Le problème est plus profond et je me mets à la place des syndicats de police qui pointent du doigt depuis longtemps ce manque d'effectifs au commissariat de Brest. Je partage leur positon.
J'ai moi-même prévu d'écrire un courrier au nouveau ministre de l'Intérieur pour lui poser cette question : pourquoi les effectifs de police à Rennes et Nantes vont augmenter avec l'arrivée de 60 et 40 policiers supplémentaires, tandis qu'à Brest, zéro ? Cela fait des années que j'interroge l'Etat là-dessus sans obtenir de réponse. Soit il y a un principe d'égalité entre les villes, soit on me dit pourquoi ce n'est pas le cas.
Le problème sous-jacent est celui de la création d'une police municipale à Brest. Vous y êtes opposé. Est-ce que l'absence de réponse de l'Etat concernant les effectifs de police nationale brestois pourrait s'apparenter à une forme de pression politique pour vous faire plier sur ce dossier ?
C'est au ministre de l'Intérieur qu'il faut poser cette question. De mon côté, j'ai fait le choix de ne pas créer de police municipale à Brest et je ne reviendrai pas sur ma décision. Je constate que dans les villes où il y a des faits de délinquance majeurs, il y a une police municipale. Or, cette dernière n'est pas faite pour lutter contre la grande criminalité.
La police nationale et la police municipale n'ont pas les mêmes fonctions. La Ville s'est engagée sur une police des transports et une brigade dite de tranquillité car faire de la prévention et de la médiation, c'est de notre ressort. Pour le reste, cela relève de la police nationale et c'est à l'Etat de s'engager.
Des faits de délinquance majeurs, il en existe aussi à Brest. Un commissariat en sous-effectif chronique pose aussi la problématique de la sécurité dans la ville. Comment y faire face ?
A Brest, il y a une certaine forme de délinquance liée au trafic de stupéfiants. Nous n'échappons malheureusement pas à cette situation. Donc, ma position est de dire qu'il faut un traitement équitable de la part de l'Etat entre les villes qui subissent ce phénomène.
Il est inconvenant que l'Etat puisse dire aux policiers brestois : "vous bossez bien, votre taux d'élucidation des affaires est bon mais vous n'aurez pas d'augmentation d'effectifs". C'est absurde. Que des départs en retraite au commissariat de Brest ne soient pas remplacés, je dis stop, ça suffit ! La police nationale brestoise a besoin de renforts. A Brest, on est peut-être loin de tout mais quand même !