Ca y est, après 107 jours de mer en solitaire, Guirec Soudée a foulé le ponton du quai Tabarly, à Brest. Il s'est adressé au public qui l'a chaleureusement applaudi. Quelques heures auparavant, il avait fait ses premiers pas à terre face à la maison familiale, où nous l'avons rencontré.
C'était tellement important pour moi d'arriver en Bretagne
Revivez le direct de l'arrivée de Guirec Soudée sur le port de Brest après sa traversée de l'Atlantique Nord à la rame.
Guirec Soudée nous a fait attendre avant son passage face à Ouessant. Mais cette fois, il était à l'heure au ponton du quai Tabarly, à Brest. A 14h, il est entré dans l'enceinte du port, acclamé par la foule, comme tous les grands héros de la course au large avant lui.
Après le concert des bombardes et des binious, il a eu ses premiers mots pour les quelques milliers de personnes venues l'accueillir : "je suis passé par tellement de choses. C'est un miracle que je sois là avec mon bateau. J'ai une bonne étoile au-dessus de moi."
Dans une ambiance bon enfant, il n'a pas oublié d'évoquer Momo, sa célèbre poule qui l'avait accompagné lors d'une précédente expédition à la voile en Antarctique en 2018. "Mais heureusement qu'elle n'était pas là, franchement."
Au petit matin, au lever du soleil, lorsque j'ai vu Ouessant, j'avais des larmes aux yeux, j'y croyais pas.
Après les dernières heures de remorquage qui ont fait suite au franchissement de la ligne virtuelle de la traversée de l'Atlantique Nord, Guirec Soudée a fait ses premiers pas à terre.
Sous le regard de notre reporter Benoit Thibaut, il a rejoint, un peu chancelant, sa soeur et son neveu. La scène se passait en milieu de matinée, devant la maison familiale près de la plage de Saint-Anne du Porzic.
"Au petit matin, au lever du soleil, lorsque j'ai vu Ouessant, j'avais des larmes aux yeux, j'y croyais pas" nous a confié l'aventurier natif de Plougrescant. "Je me suis battu, du premier au dernier jour. je savais que j'allais y arriver, mais quel soulagement, quel soulagement ! je suis le plus heureux du monde d'être arrivé en Bretagne."
"Je ne croyais pas y arriver" a-t-il confié, "l'exploit c'est d'être arrivé en Bretagne". ,L'aventurier raconte à ses proches qu'il s'est rationné durant une bonne partie de la traversée, qui a été éprouvante. Il a perdu 14 kilos.
"Arrivé dans les grands coeffs, je ramais, mais j'allais en marche arrière ! Et les courants porteurs m'amenaient au nord, vers l'Irlande. Mais je ne voulais pas arriver en Irlande ou en Espagne: l'idée c'était d'arriver ici !" a-t-il raconté à ses proches.
Dans sa bouche, un moment fort et malgré tout dramatique qui aurait pu changer le cours de son aventure, un chavirement au passage d'une tempête tropicale.
"J'étais à l'intérieur de mon bateau, avec une tempête tropicale qui passait, et j'avais ouvert un petit hublot car j'avais trop chaud" raconte-t-il.
"J'avais la main dessus, au cas où je me retourne. On était au tout début de la tempête, et puis je me suis retourné, j'ai rien vu venir. Et là je voyais l'eau rentrer, mes affaires s'éparpiller. Je n'arrivais pas à fermer le hublot, l'eau montait, je n'avais plus d'air, et là j'ai ouvert le hublot principal pour que toute l'eau rentre dans le bateau" poursuit-il.
"J'ai pu nager, je suis ressorti. La coque était à l'envers et ça ne bougeait pas, c'était trop lourd Je me suis dit ho là là, comment je vais faire ?"
On sait que la suite de l'histoire s'est bien terminée.
Une incroyable aventure
Guirec Soudée a réussi sa traversée de l'Atlantique Nord à la rame après 107 jours, seul et sans assistance. Jeudi 30 septembre il a passé la ligne du méridien de Créach au large de l'île d'Ouessant à 10h49. Sa performance prendra fin ce vendredi 1er octobre sur le ponton Eric Tabarly à Brest en fin de matinée.
Son exploit : avaler plus de 5 000 kilomètres à la force des bras, privé d’informations météo, de moyens de communication et rationné en énergie presque de bout en bout.
Dans la matinée, le navigateur de Plougrescant (Côtes d’Armor), touchera terre et livrera l’incroyable récit d’une aventure humaine hors du temps :
Une traversée épique
Le 2 juillet, soit 15 jours seulement après son départ, le navigateur s'est retrouvé pris dans la tempête tropicale, renversant son bateau et le mettant en grande difficulté.
Je suis resté des heures à l’envers à essayer de redresser mon bateau, je n’y arrivais pas. J’ai fini par réussir mais franchement, c’était chaud.
Durant près de trois mois le navigateur a dû affronter les éléments marins seul sur son monotype océanique de 8 m de long et de 1,6 m de large. Une aventure héroïque car le marin était privé de tous ses moyens de communications et de navigation.
A l'approche de la pointe finistérienne, il lui a fallu éviter le danger des routes trés fréquentées du rail d'Ouessant et d'une forte dépression le week-end dernier.
Mais grâce à la solidarité de plusieurs bateaux de pêche, il a pu prendre contact avec son équipe organisatrice et finaliser sa traversée.
Jusqu'à la fin, son périple ne lui aura laissé que peu de répit.