Trois femmes et six hommes, ont été jugés, à Rennes cette semaine, pour leur rôle dans une organisation de trafic de drogue, entre le Finistère, l'Albanie, le Luxembourg et l'Espagne. Parmi eux, une étudiante brestoise, en détention provisoire depuis un an et demi, a été condamnée hier, vendredi 13 décembre, à cinq ans de prison. Un autre protagoniste, en fuite, a été condamné à huit ans de prison.
En fin de journée, vendredi 13 décembre, le jugement est tombé : la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes a condamné une Brestoise, Tiphaine, à cinq ans de prison, et son complice résidant en Espagne, Eduard, à huit ans de prison. Ce sont ces deux prévenus qui écopent des peines les plus lourdes.
Au total, trois femmes et six hommes du Finistère devaient répondre, depuis lundi 9 décembre 2024, d'infractions à la législation sur les stupéfiants, en l'occurrence, du cannabis et de la cocaïne.
"Cheville ouvrière"
Fait rare dans les dossiers de la JIRS de Rennes, une femme de 27 ans, inconnue de la justice, mais au rôle "absolument déterminant", selon le parquet de Rennes, comparaissait : Typhaine avait effectué des trajets seule, mais aussi "en convoi", jusqu'en Espagne, en Albanie et au Luxembourg. Le Parquet la considère comme la "cheville ouvrière" d'un trafic de drogue à dimension internationale.
Son véhicule avait été sonorisé et les enquêteurs l'avaient ainsi entendue "charger des sacs", les "remettre" à d'autres protagonistes du dossier ou encore "manipuler des billets de banque". "Elle est au four et au moulin", a estimé le procureur de la République, lors de ses réquisitions. Il souhaitait en conséquence voir condamner la Brestoise à six ans de prison ferme.
Avant son interpellation, suivie de dix-neuf mois de détention provisoire, la jeune femme étudiait, en première année de licence Administration économique et sociale (AES), notamment, "les statistiques" et "l'histoire de l'économie".
Une organisation brestoise
Le procès a questionné le rôle de l'étudiante au cœur du trafic organisé depuis Brest et l'Espagne. Les techniques spéciales d'enquête réservées à la criminalité organisée (géolocalisation des téléphones, sonorisations de véhicules, surveillances physiques...) ont permis de mettre au jour de nombreux déplacements et livraisons de stupéfiants, entre 2021 et 2023.
Le démantèlement de la messagerie canadienne cryptée SkyECC a également permis de révéler des conversations laissant penser que les neuf suspects, dont certains d'origine albanaise, importaient des stupéfiants depuis l'Espagne, où résiderait Eduard, le principal protagoniste de ce dossier, actuellement en fuite.
Simple "rouleuse" ?
À la barre, Typhaine a pourtant expliqué avoir seulement transporté "des vêtements" ou procédé à "des ventes de véhicules". Tout au long des débats, la jeune femme a régulièrement affiché un sourire déconcertant dans le box des prévenus.
"J'ai l'impression que la justice s'acharne contre elle depuis le départ dans ce dossier", a plaidé son avocat brestois, Me Ronan Appéré. Il considérait pour sa part qu'il s'agissait d'une simple "rouleuse", membre de "la section transports de l'organisation".
Mais ce vendredi, le tribunal l'a condamnée à cinq ans de prison et a ordonné son maintien en détention. Elle s'est aussi vue confisquer deux véhicules et son téléphone. Eduard devra lui purger huit ans de prison, le jour où son mandat d'arrêt aura porté ses fruits. Les autres prévenus ont écopé de peines de prison avec sursis simple.