"Plastiques, changement de cap". Pendant deux jours, ce 30 juin et le 1er juillet, des rencontres nationales se déroulent à Brest sur cette matière qui a changé nos vies et nos industries mais dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’on la retrouve partout, dans les mers, dans les rivières. Le laboratoire Labocea participe à un programme de recherche européen, Preventing Plastic Pollution.
Quand Valérie Yeuc’h enfile ses bottes pour se rendre au bord de la rivière, les poissons n’ont rien à craindre. Son filet n’est dimensionné ni pour les truites, ni pour les saumons. Elle pêche des micro-plastiques et malheureusement, sa pêche est bonne.
A cet endroit, l’eau de la Penfeld semble claire et parfaitement propre. Valérie Yeuc’h, ingénieure chargée d'études pour le laboratoire Labocea, est là pour y voir de plus près.
Elle pose dans la rivière un long filet pour récupérer les micro-plastiques. Ces petits éléments de moins de 5 millimètres et jusqu’à 330 microns issus de toutes nos activités.
Labocea participe au projet Preventing Plastic Pollution. Un programme de recherche européen.
"Pour avoir une idée de la concentration en micro-plastique, on a besoin d’avoir le volume d’eau filtrée, ce qui permet de savoir combien il y a de plastiques dans chaque m3 " explique Valérie Yeuc’h.
Un micro-plastique par m3 d'eau
"A Brest, on est en moyenne à 1 micro plastique par m3. Ça paraît peu quand on le dit, admet l’ingénieure, et puis, dès qu’on réfléchit une seconde au volume d’eau dans la rivière, on se dit que c’est beaucoup. "
A l’œil nu, les micro-plastiques ne se voient pas. Dans son filet, Valérie Yeuc’h a ramassé un petit tas de feuilles, des petits bouts de branchages, c’est là que les micro-plastiques se sont amalgamés.
L’ingénieure distingue deux sortes de micro-plastiques, "les primaires, ceux qui arrivent directement dans l’eau. Ce sont, par exemple, les fibres de nos vêtements. Les stations d’épuration en retiennent une très grande partie ( 90%) mais certaines fibres parviennent à se faufiler jusqu’aux rivières et une seule machine à laver qui tourne c’est 70 000 fibres" rappelle Valérie Yeuc’h.
Les micro-plastiques primaires, ce sont aussi des petits morceaux de pneus, de peinture, les microbilles que contiennent certains produits de cosmétique.
Les micro-plastiques secondaires sont ceux qui sont issus de la fragmentation d’objets plastiques plus gros qui, sous l’action des UV du soleil ou des frottements mécaniques, se sont fragmentés jusqu’à mesurer moins de 5 millimètres.
Mesurer pour agir
Dans le laboratoire, le résultat de la pêche de Valérie Yeuc’h est filtré pour identifier les différents plastiques.
"Le programme Preventing Plastic Pollution permettra peut-être de récolter de nombreuses données qui seront utiles pour, un jour, fixer des seuils, espère l’ingénieure. On pourra dire à partir de telle quantité de micro-plastique qu'une rivière est polluée."
Mais avec ce programme, Preventing Plastic Pollution, les chercheurs veulent surtout établir un protocole uniformisé pour avoir un suivi identique dans les différents cours d’eau. A terme, cela permettra de connaître les quantités de micro-plastiques dans les eaux des rivières qui se jettent ensuite dans les mers.
"On sait que les plastiques ne disparaissent pas et on sait que 80% des déchets retrouvés en mer viennent des bassins versants, souligne Valérie Yeuc’h. S’il faut mener des actions, c’est vraiment à terre et il faut connaître cette pollution pour mener des actions."