La flotte océanographique française, dédiée à la recherche scientifique, table sur une réduction de 40 % de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2035. Les 17 navires et 6 engins sous-marins qui la composent sont opérés par l'Ifremer. L'enjeu de cette décarbonation est de taille et soulève une question : comment diminuer son emrpeinte carbone sans réduire la production scientifique. Explications.
La flotte océanographique française (FOF) affiche un objectif qualifié "d'ambitieux" par son directeur : réduire son bilan carbone de 40 % en 2035. Selon Oliver Lefort, il est aujourd'hui estimé à "40.000 tonnes de CO2 par an" dont plus de la moitié est imputée au carburant des 17 navires et 6 engins sous-marins dédiés à la recherche scientifique.
"Travailler autrement"
Le séminaire qui a réuni, pendant trois jours à Brest, les équipes de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) a posé clairement la problématique de la décarbonation sur la table, assortie de cette équation : comment diminuer les émissions de gaz à effet de serre tout en conservant le même niveau de production scientifique.
"Il va falloir modifier nos pratiques et travailler autrement" explique François Houillier, le Pdg de l'Ifremer. "On a identifié des pistes comme réduire la vitesse des navires en campagne, précise le directeur de la FOF. On va jusqu'à 12 nœuds de vitesse, on peut descendre à 8 nœuds. On peut également diminuer les transits de navires. Dans notre activité, les campagnes se succèdent, les bateaux se déplacent d'un endroit à un autre. On peut imaginer une nouvelle façon de faire dans le futur, en privilégiant les appels d’offres par océan par exemple".
Neutralité carbone à l'horizon 2050
La flotte océanographique française, opérée par l'Ifremer, vise la neutralité carbone en 2050. "On est face à une difficulté particulière puisque nos navires ont une durée de vie de 40 ans, souligne François Houillier. Une bonne partie de la décarbonation interviendra au fil du renouvellement des navires et cela demande du temps".
Trois des quatre navires hauturiers, principaux consommateurs de carburant, devraient être renouvelés entre 2030 et 2035. "Les solutions viendront à la fois de l'évolution de nos usages et des avancées technologiques, notamment en matière de propulsion" note Olivier Lefort.
Un navire semi-hauturier, actuellement en construction, sera dédié à la Manche et à l'Atlantique, indique le Pdg de l'Ifremer. "Il est plus moderne en termes d'équipements, détaille François Houillier, plus grand, plus confortable pour l'équipage et les scientifiques embarqués. Mais surtout, il est moins carboné avec une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre lorsqu'il est en transit et de 50 % lorsqu'il s'arrête pour mener des expériences en statique".
Le défi d'une flotte plus sobre est de taille. "Ce sera notre fil rouge pour les prochaines années" assure le patron de l'Ifremer.
(Avec Amandine Plougoulm)