A l'âge où certains partent en retraite, Bernard Pino, lui, devient médecin généraliste. A 67 ans, l'homme a été élevé au rang de docteur en médecine ce 28 septembre 2023. Un moment qu'il attendait depuis près de 40 ans.
Sur son épaule gauche, une épitoge rouge garnie d'hermine. Entre ses mains, le serment d'Hippocrate. Depuis ce 28 septembre 2023, Bernard Pino est officiellement devenu docteur en médecine. Le Finistérien attendait ce moment depuis de très longues années. Et comme il n'y a pas d'âge pour réaliser son rêve, le voilà médecin généraliste à 67 ans. Mieux vaut tard que jamais en quelque sorte.
"Le plus vieil interne de France"
"Je suis un jeune vieux médecin" s'amuse-t-il à l'issue de la thèse qu'il vient de soutenir devant un jury à la faculté de médecine de Brest. Son sujet ? "Une étude qualitative des spécificités liées à l'âge chez les internes de plus de 40 ans". Comme par hasard ! Sur cette thématique, il est intarissable puisqu'il fut "le plus vieil interne de tous les temps en France", ainsi que le souligne l'un de ses pairs qui ajoute : "Et le plus vieil étudiant en médecine de France aussi".
Derrière ses lunettes arrondies, le regard de Bernard Pino se fait rieur. Et l'esprit taquin. "C'est sympa de se dire que l'on a un record. Si ce n'est pas un record de connaissances, c'est un record d'âge", plaisante-t-il avant de dérouler son parcours plutôt atypique qui débute toutefois de manière très classique.
"Une évidence"
Le bac en poche, Bernard s'inscrit en médecine mais, pour des raisons financières, il abandonne en 6e année. Pendant les trente années qui suivent, il exercera d'autres métiers, deviendra père de quatre filles jusqu'au jour où il décide de rembobiner l'histoire et de reprendre ses études de médecine. "Cette idée me trottait dans la tête, relate-t-il. Alors je me suis lancé".
À 59 ans, il contracte un prêt étudiant et prend le chemin de la faculté de médecine de Brest. "Mais comme entre-temps, ils avaient inventé de nouvelles thérapeutiques, le scanner, l'IRM ou l'échographie, j'ai préféré recommencer en 4e année". En 2018, il entame sa première année d'internat (et sa 7e année de médecine), enchaîne les stages et les remplacements dans les cabinets de médecine générale. Il bosse sa thèse en parallèle. Et, désormais, on peut l'appeler docteur. "Je suis à ma place, c'est un bonheur, confie Bernad Pino. Être médecin, prendre soin des autres, c'est une évidence pour moi. Je m'éclate".
Médecin sur l'île de Sein
Sa plus jeune fille dit de lui qu'il est "heureux. Il est passé par plein de métiers mais ce n'était pas sa vocation, se souvient-elle. Là, il est heureux et ça se voit". Elle ne cache pas sa fierté face à ce père qui, malgré les doutes, a tenu bon et avec lequel elle a partagé cette vie étudiante. "On travaillait ensemble, lui sur sa thèse, moi sur mon stage, sourit-elle. Cela donnait une ambiance particulière à la maison".
Bernard sait déjà où il va exercer une bonne partie de l'année. L'île de Sein, où il a effectué l'un de ses stages d'internat, lui fait de l'œil. "J'irai un mois sur deux, pour remplacer la médecin qui est sur place. Là-bas, on est de garde 7 jours sur 7, 24h sur 24, on fait tout et ça, ça me plaît. ". Le départ est prévu en novembre.