Le Dr Corinne Plouhinec a été condamnée pour son rôle dans le décès de Timothé, 20 mois, en 2011. Malgré ses regrets, la justice a confirmé la peine de prison avec sursis en appel. Une affaire marquée par l’indignation et le deuil de la famille.
La cour d'appel de Rennes a tranché. Ce mardi 19 novembre 2024, elle a confirmé la condamnation déjà prononcée contre le Dr Corinne Plouhinec, pédiatre à Brest. Six mois de prison avec sursis pour "non-assistance à personne en danger", sur un bébé de 20 mois. Une affaire qui remonte à la nuit tragique du 23 au 24 octobre 2011.
Une nuit fatale pour Timothé
Le petit Timothé, âgé de 20 mois, était hospitalisé à l’institut Ty Yann, spécialisé dans les soins pédiatriques. Atteint d'une grave maladie digestive, il séjournait là pour offrir un répit à ses parents. Jusqu'à cette nuit-là, tout semblait aller mieux. L'enfant se remettait d'une otite. Mais dans la soirée du 23 octobre, il commence à avoir de la fièvre.
La température grimpe. 40 °C au milieu de la nuit. Deux appels de l’infirmière de garde alertent la pédiatre d’astreinte, Corinne Plouhinec. Pourtant, la médecin ne se déplace pas. À distance, elle prescrit seulement du paracétamol, puis de l'Advil. Elle s'appuie sur les indications de l'infirmière, qui estime que l’enfant a "un bon état général" malgré la fièvre. Les antibiotiques nécessaires pour ce patient très fragile ne sont pas administrés.
"On n'a pas bien fait"
Le lendemain matin, à 9h15, Corinne Plouhinec revient au travail. L'enfant n'est pas en "détresse vitale", mais elle décide de le transférer au CHU de Brest. Là-bas, tout bascule.
En deux minutes, Timothé s’effondre. Un choc septique, provoqué par un germe digestif, emporte l'enfant. Un décès brutal et déchirant. À l’audience, Corinne Plouhinec, aujourd’hui retraitée, reconnaît ses erreurs : "On n'a pas bien fait, je l’ai déjà dit." Mais elle insiste : elle n’avait pas conscience d’un danger imminent.
Une mère face à son deuil
La douleur de la famille reste vive. Lors de l’audience, la mère de Timothé s’adresse directement à la pédiatre : "Vous êtes pédiatre, mère de famille, grand-mère… Comment pouvez-vous nous infliger treize ans de procédure, quatre ans supplémentaires avec votre appel ? Je souhaite que mon fils repose en paix et qu’il soit reconnu victime."
Des mots qui laissent Corinne Plouhinec visiblement ébranlée. "Je suis vraiment désolée", souffle-t-elle. Son avocat avait plaidé la relaxe. Sans succès. La justice a maintenu la condamnation.